Résidence critique 2021-2022 par Éric de Visscher

La proposition très controversée d’une nouvelle définition du musée, émise en 2019 lors du congrès de l’ICOM à Kyoto, qualifiait celui-ci de ‘polyphonique’.

Si le musée s’adresse traditionnellement à la vue, peut-on le qualifier par ce terme emprunté à l’écoute et à l’histoire de la musique occidentale ? En quoi cela modifie-t-il notre conception de l’institution ?

Peut-on, par exemple, « sonifier » un objet patrimonial ou un espace de musée, c’est-à-dire les interpréter par des sons ? Ou bien cette polyphonie ne signifie-t-elle pas la diversité des publics, dont les multiples « voix » seraient à mieux prendre en compte ?

La résidence de recherche critique d’Éric de Visscher vise à explorer la dimension multisensorielle du Musée, et notamment l’utilisation innovante du son comme enrichissement de l’expérience de visite. Le projet tient compte des particularités qu’offre un musée de l’architecture, qui expose le patrimoine bâti au travers de maquettes, de fragments ou de plans d’édifices et, de ce fait, renvoie constamment à un espace « autre », qui se situe en-dehors de lui. La particularité vibratoire du son brouille également les frontières entre intérieur et extérieur et transforme ainsi la fonction même du musée : de réceptacle clos d’objets figés, celui-ci devient une plateforme d’échanges, un lieu ouvert sur la ville et sur le monde. Le son renouvelle la notion d’expérience, en actualisant le lien entre public, objets et espaces.

En réunissant architectes, acousticiens, musicologues, philosophes, conservateurs, historiens et artistes, et en invitant étudiants et professionnels à y participer, « Musée Polyphonique » interroge les possibilités qu’offre la présence sonore dans un musée, autour de trois thèmes principaux : ESPACE – IMAGE – ECOUTE.

Le projet prend appui sur la Galerie des Peintures Murales et des Vitraux de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, qui présente un vaste ensemble de reproductions de fresques datant du IXème au XVIème siècle, issues de plusieurs édifices – essentiellement religieux – de diverses régions de France. Ces peintures sont intégrées dans une reconstitution architecturale des sites originaux, réalisée à partir des années 1930.