Cette expérience hors norme de confinement qui s’achève depuis quelques jours nous incite à repenser le Temps autrement, en lien avec la nature et les saisons, plus posément et plus lentement, à renouer avec le temps de nos ancêtres héritiers des siècles passés.
Hérité de l’Antiquité, le thème iconographique du calendrier des mois est, au Moyen Âge, une représentation essentielle du Temps. Pour l’homme médiéval, la notion de temps reste floue ; le temps est celui de la nature, rythmé par les travaux des mois et les devoirs seigneuriaux. Dans les églises et les bréviaires des XIIe et XIIIe siècles, le calendrier revêt une dimension symbolique et moralisatrice : évocation du temps terrestre que doit parcourir le fidèle avant d’atteindre la révélation à la fin des temps, il lui rappelle également le péché originel à la suite duquel Adam fut condamné au travail pour se sauver.
L’évocation des mois dans la chapelle de Pritz à Laval montre les activités traditionnelles de l’agriculture médiévale. La représentation de la nature y tient une place prépondérante et est rendue avec un certain réalisme. Au mois de mars, un paysan taille la vigne à l’aide d’une serpe. En avril, un jeune homme se promène en pleine nature tenant un rameau fleuri dans chaque main, symbole du renouveau du printemps. Mai est un cavalier qui tient un rameau fleuri. Au mois de juin, un paysan fauche le foin ; en juillet il moissonne, muni d’une grande faucille, les blés dont il bat les gerbes au mois d’août. Le blé est dessiné avec soin et naturalisme. En septembre, le temps des vendanges est évoqué par le foulage du raisin. Cette représentation revêt un caractère anecdotique propre aux peintres des XIIe et XIIIe siècles : le paysan foule le raisin tout en dégustant les fruits mûrs encore sur leurs ceps.