Le décor peint recouvrant les voûtes de la crypte de l’église Saint-Nicolas de Tavant, daté de la première moitié du XIIe siècle, est une œuvre singulière de l’art roman français tant par les traits de ses dessins que par la conception de son programme iconographique.
Cet ensemble pose en effet des problèmes d’interprétation encore non résolus. Si certaines scènes sont tout à fait identifiables - David jouant de la harpe pour apaiser Saül, Adam et Ève chassés du Paradis, la Déposition de croix, la Descente aux Limbes, le Crucifiement de saint Pierre ou la figure du Christ en majesté, d’autres peintures demeurent plus énigmatiques. Ainsi à l’entrée de la crypte, deux oiseaux rappellent sans doute les traditions décoratives de l’art funéraire des premiers siècles chrétiens. Les deux figures masculines peintes sur les retombées des voûtes de la deuxième pile côté gauche pourraient, quant à elles, représenter une allégorie du temps et des saisons, de l’hiver et du printemps, mais aussi Abel et Caïn apportant leurs offrandes. De même, les deux personnages, bras levés, portant deux poutres, peints sur les retombées des voûtes des deuxième et troisième piles côté droit pourraient figurer des atlantes, indiquant alors la persistance au Moyen Âge de certains modèles antiques.
Au-delà des difficultés d’interprétation de ce programme iconographique, il semble que le commanditaire ait voulu convier le fidèle à un parcours édifiant destiné à lui remémorer les enseignements essentiels de la doctrine chrétienne. Depuis la Tentation, la lutte du Bien contre le Mal et la Passion, le cycle s’achève avec la vision de l’avènement du Christ à la fin des temps, ultime message d’espérance et de salut.
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L'oeuvre
Tavant, église Saint-Nicolas, crypte, décor peint, première moitié du XIIe siècle
Copie de peinture murale à grandeur réalisée par Marthe Flandrin et Simone Flandrin-Latron en 1941
CAPA/MMF/EM.00040