Les peintures murales de la coupole occidentale de la cathédrale Saint-Étienne de Cahors, réalisées entre 1316 et 1324, sont l’un des rares exemples de peinture monumentale gothique conservé aujourd’hui en France et en Europe. Elles témoignent des embellissements apportés à l’édifice roman, à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle. Ce grand chantier de rénovation s’achève par la création du vaste décor peint dont le programme iconographique couvrait l’ensemble des murs de la cathédrale.
Dans la coupole occidentale, les commanditaires souhaitaient montrer la concordance entre l’Ancien et le Nouveau Testament en reliant les grandes figures des prophètes à saint Étienne, le premier martyr chrétien.
Au centre de la composition, un médaillon présente le saint agenouillé en prière, les yeux tournés vers le ciel étoilé, insensible aux pierres qui l’assaillent mais ne l’atteignent pas. Autour de l’oculus, treize personnages participent au martyre du saint, sous les yeux de Saül, le futur saint Paul, trônant l’épée levée. Défile ainsi la société médiévale : soldats, nobles et paysans. Il ne se dégage de cette lapidation ni violence ni réalité dramatique.
Autour de la scène du martyre, la coupole se divise en huit grands compartiments de 4,50 mètres de hauteur, délimités par de larges bandes ornées de rinceaux et de pampres, dans lesquels prennent place les figures de sept prophètes et du roi David. Ces derniers, présentés en témoins de la lapidation d’Étienne, se tiennent dans des édicules gothiques. Placés sur un fond peint en faux appareil qui simule et prolonge l’architecture, ce décor se réfère directement à l’art du vitrail, lequel tend à remplacer, depuis le XIIIe siècle, les grands ensembles peints dans les édifices religieux.
Sans prééminence de rang, les prophètes se font face deux par deux : Jérémie et Isaïe, Ézéchiel et Habacuc, Esdras et Jonas ; Daniel est face au roi David. Ils tiennent chacun un phylactère sur lequel est inscrit leur nom en lettres gothiques suivi de l’abréviation latine de propheta, et foulent au pied des monstres symbolisant les vices que dénoncent leurs prophéties. Ces animaux, repeints lors de la restauration de la coupole à la fin du XIXe siècle, devaient être un fauve, un serpent ou un dragon (Ps 91, v 13 : « sur le fauve et la vipère tu marcheras, tu fouleras le lionceau et le dragon »).
Au-delà même de leur statut de simples témoins, les prophètes authentifient et annoncent en tant que précurseurs le message de la parole chrétienne, incarnée par le martyre du saint. Ils attestent le caractère messianique du Christ.
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L'oeuvre
Cahors, cathédrale Saint-Étienne, nef, coupole occidentale, 1316-1324
Copie de peinture murale à grandeur réalisée par Léon Raffin, Marcel Nicaud et André Regnault en 1949-1950
CAPA/MMF/PEM.00134