À la fin du XVe siècle, Louis Ier d’Amboise, évêque d’Albi (1460-1501), commandite l’immense peinture du Jugement dernier pour le revers de la façade occidentale de la cathédrale Saint-Cécile. En 1693, à l’occasion de réaménagements liturgiques, ce mur est percé d’une ouverture dans la partie centrale de la composition, entraînant la disparition de plus d’un quart de la peinture murale. Seuls les deux derniers registres, consacrés au thème de la Résurrection des morts, sont reproduits ici.
À l’appel des anges, les morts sortent de terre et comparaissent, nus, devant le Christ-Juge dont la figure a aujourd’hui disparu. Les ressuscités portent, ouverts sur leur poitrine, leurs livres de vie sur lesquels sont inscrites leurs bonnes et leurs mauvaises actions. À la droite du Christ, les élus s’avancent en cortège pour se rendre au paradis. À sa gauche, sur un fond de ciel tourmenté, s’assemble la foule des damnés, renversés par le poids de leurs livres.
L’enfer occupe la totalité du registre inférieur et comptait à l’origine sept scènes consacrées aux péchés capitaux. À chaque péché correspond un châtiment. Ainsi les orgueilleux sont attachés à des roues, les envieux plongés dans des fleuves gelés, ou encore les gloutons invités à un éternel banquet, au cours duquel ils sont sans répit gavés de crapauds et abreuvés d’eau de fleuve puante.
Les scènes d’Albi puisent leur inspiration dans les illustrations contemporaines de l’Ars Moriendi ou l’Art de bien vivre et de bien mourir (1492), notamment celles du dernier chapitre, consacré aux châtiments infernaux.
En livrant cette représentation terrifiante de l’enfer, le peintre d’Albi révèle les multiples peurs liées à la mort qui dominent à la fin du Moyen Âge, où guerres, famines et épidémies continuent leurs ravages. Si dans les représentations romanes et gothiques du Jugement dernier l’enfer est déjà présent, l’accent mis au XVe siècle sur l’atrocité des tourments associés aux péchés capitaux ne peut qu’inciter le fidèle à gagner son salut.
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L'oeuvre
Albi, cathédrale Sainte-Cécile, revers de la façade occidentale, Jugement dernier, 1496-1500
Copie de peinture murale à grandeur réalisée par André Regnault en 1957
CAPA/MMF/PEM.00232