En ces temps où la chaleur caniculaire de l’Été se répand sur toute la France, l’évocation de la piscine de la Butte-aux-Cailles, réalisation conçue durant l’entre-deux-guerres par l’architecte Louis Bonnier (1856-1946), est propice à introduire une dose de fraîcheur dans notre quotidien.
Les dimensions hygiénique, ludique et spectaculaire attachées au sport moderne, ainsi que les valeurs qui y sont liées, ont grandement contribué à l’essor des pratiques sportives au lendemain de la Première Guerre mondiale, alors qu’en France la tenue des Jeux olympiques de Paris en 1924 a permis à la capitale de combler une partie du retard pris jusqu’alors dans la construction d’équipements par rapport à l’Allemagne et l’Angleterre.
L’inauguration de la piscine de la Butte-aux-Cailles en 1924 s’inscrit dans ce mouvement et constitue l’aboutissement des nombreuses études menées par l’architecte de la Ville de Paris, Louis Bonnier, afin d’incorporer les innovations les plus récentes en matière d’équipement nautique.
Le succès critique rencontré par le nouvel édifice, situé à l’emplacement stratégique d’un puit artésien dédié à l’alimentation de la piscine en eau, repose notamment sur un dispositif voué à l’apprentissage de la natation et à l’accueil de compétitions avec la présence d’un petit bain et de tribunes discrètes. Habillé d’un revêtement en céramique blanc, le bassin couvert est doté d’une structure en béton composée de sept arcs en plein cintre entre lesquels se glisse une série de coupoles translucides.
D’un point de vue fonctionnel, l’aération et l’éclairage sont assurés par de larges baies latérales. Un article paru dans L’Architecture d’aujourd’hui en avril 1934 rappelle également « que c’est dans la piscine de la Butte-aux-Cailles que fut réalisée, pour la première fois en France, la séparation des cabines du bassin et l’entrée de celui-ci par la salle de propreté ».
En 2014, la rénovation de cet équipement sportif, classé aux Monuments historiques au début des années 1990, restitua les qualités initiales de l’édifice en mettant en valeur le rationalisme de la structure et l’apport subtil de la lumière. Dans la continuité de cette intervention, l’adjonction d’un nouveau système permettant de chauffer à l’année la piscine en logeant sous les bassins un data center pourvoyeur de chaleur a fait entrer l’édifice dans le XXIe siècle.