Le jury Mini Maousse s'est réuni le 17 mars 2021.
Les propositions présentent une grande diversité de dispositifs pour habiter et cohabiter encore, dans le contexte du réchauffement climatique, de la chute de la biodiversité, des pénuries en eau vive et des migrations. Il est question de faire avec la montée des eaux, les rythmes des marées, la gestion de l’eau, la lutte contre la pollution, de l’aquaculture, des jardins flottants, des cabanes méditatives, sensorielles et engagées, de multiples usages, des refuges, des communautés, de l’accueil des migrants.
342 projets ont candidaté pour la phase 1 du concours
30 projets ont été présélectionnés pour concourir en phase 2,
6 projets ont été retenus lauréats, plus une mention spéciale et un prix Odyssée.
16 projets on été distingués "Coup de cœur" par les experts
Les Lauréats
Le Manchester Ship Canal
Rémi Morisset
École Nationale Supérieure d'Architecture de Clermont-Ferrand
L’ère industrielle mancunienne a laissé derrière elle des paysages fragilisés, avec comme figure de proue le Manchester Ship Canal, témoin inéluctable d’un territoire berceau de l’Anthropocène. Les acteurs privés ayant la main mise sur tous les espaces stratégiques de la ville de Manchester ont relégué vers les terres les villages bucoliques d’autrefois, privés de leur paysage fluvial d’antan. L’eau, libre de toute interdiction, devient l’espace de lutte sociale privilégié pour reconquérir un paysage fluvial confisqué depuis longtemps par l’industrie. La plateforme flottante imaginée comme un objet militant pour le climat, voguera dans les eaux du Manchester Ship Canal et s’amarra sur les quelques accès publiques aux berges du canal, le temps d’un marché local, d’une action caritative ou d’un débat sur le climat. Afin de concurrencer l’échelle monumentale des industries l’édifice viendra par sa taille faire signal depuis le lointain afin de prôner haut et fort son engagement pour le climat.
Manchester ship canal
MurMure
Jialing Li
École nationale supérieure des Arts Décoratifs
Même les catastrophes peuvent avoir un côté chaleureux. Le long du fleuve de Kumagawa, au Japon, de nombreuses habitations ont été emportées par les flots d’inondations. Détruites, elles persistent uniquement comme éléments de mémoire. L’Aquabane vient matérialiser cette mémoire à la manière d’un mémorial des catastrophes. Sur la structure extérieure sont exposées les maquettes des habitations submergées par les flots, enfermées dans des boîtes empilées les unes sur les autres, comme les souvenirs dans nos têtes. En guise de renfort structurel, elles protègent la partie interne de l’Aquabane lors de nouvelles inondations. Lorsque l'inondation recule, les murs gardent la trace de la montée des eaux, manifeste de ce qui a été. A l'intérieur de l’Aquabane se trouve une bibliothèque historique remplis de souvenirs détruits : des dessins, des plans de bâtiments, des extraits de constructions détruites et des albums photos… Telle une galerie flottante, l’Aquabane abrite la mémoire des habitations passées et accueille les habitants à venir se souvenir et se reposer.
MurMure, mémorial
Noé
Manon Petrone et Margot Dubrana
École nationale supérieure des arts appliqués et métiers d’art (ens aama )
Noé est un îlot artificiel modulaire conçu pour être habité par la faune et la flore du site sur lequel il s’installe : l’homme conçoit mais n’habite pas. Noé se donne à voir tout en se préservant de toute activité humaine susceptible de nuire aux espèces animales et végétales qui occupent sa surface. Cette petite étendue de terre détachée de la berge participe indépendamment mais en cohésion avec le site à la recréation ou régénération d’écosystèmes terrestres et aquatiques à diverses échelles. Une intervention qui tente d’apporter une réponse concrète aux divers enjeux environnementaux rencontrés par les espaces naturels aquatiques traversés. L’installation du projet Noé s’accompagne d’un travail de recherche et de collecte d’éléments. Ces derniers doivent présenter des qualités répondant à divers enjeux tels que la disparition de certaines espèces d’oiseaux en leur apportant des solutions facilitant la nidification notamment. Cette structure, bien qu’artificielle, se veut totalement réversible, durable par le choix des matériaux et leur mise en oeuvre.
Projet Noé
Le Radiolaire
Mathieu Gourbeyre, Alban Magd et Elisabeth Verrat
Les Beaux-Arts de Marseille
Marseille est une ville menacée par celle qu’elle chérit : la Méditerranée. Le climat souffre et la surface des eaux menacent le littoral. Si les hommes continuent d’investir la surface des eaux côtières pour établir de nouvelles sociétés marines, celles-ci devront être articulées autour de nouvelles croyances. On dit de l’eau qu’elle a une mémoire et une voix. Le Radiolaire se fait l’interprète de la mer pour asseoir les fondations d’une nouvelle culture
aquatique. Un lieu de recueillement pour inviter à la contemplation et au respect des océans qu’il faut considérer comme de nouveaux territoires d’habitations. En surface, la construction met en contact les hommes avec les paysages marins. En sous-face, elle exploite l’électrodéposition pour évoluer selon les désirs de l’eau. Doucement la mer dessine et complète la construction jusqu’à l’entraîner dans les fonds marins, comme une offrande à la mer, qui s’empare de la construction quand elle le souhaite. Le Radiolaire renaît loin des hommes pour devenir un refuge pour les organismes marins à l’image des récifs artificiels.
Le Radiolaire
Ramass’île
Taha Bouizargan et Lisa Figueras
École nationale supérieure d'architecture de Paris-Malaquais
"La pêche à l’aimant est une pratique ludique, écoresponsable, qui assainit les cours d’eau. La plateforme participative serait le premier lieu dévoué à cette initiative citoyenne. L’enjeu du projet serait de créer un espace d’échange et d’initiation autour d’une pratique engagée pour la dépollution.
Avec les objectifs d’assainissement de la Seine énoncés par la région et la ville de Paris depuis les années 2000 dans le but d’autoriser la baignade en 2025, nous souhaitions participer à cette vision, en anticipant l’aménagement des sites de baignade. Ramass’île serait une plateforme itinérante, flottante conçue de manière simple et économique, proposant des aménagements tels que des aimants avec attache, des rampes de tirage, et une benne flottante jouant le double rôle de signal et de point de récupération.
Ramass’île est un symbole et un support de l’action citoyenne dans la préservation de la qualité du bien environnemental. "
Ramass'île
Mention spéciale
Aylan
Coraline Viguier et Khaled Ahmane
Les Beaux-Arts de Marseille
Tous les jours des milliers de migrants prennent les flots en direction de l’Europe dans l’espoir d’un avenir meilleur. N’ayant parfois jamais vu la mer, ne sachant pas toujours nager, ces migrants sont prêts à risquer leur vie pour fuir un pays qui ne leur convient plus. Aylan est un abri de sauvetage qui prends naissance dans cette crise des réfugiés climatiques et politiques, en apportant une aide aux ONG qui se battent tous les jours pour faciliter le transit des migrants. En pleine mer, cette architecture agit comme un point de repère par sa forme renvoyant au cône de chantier : ses bandes grises réfléchissantes et la forme en cône orange s’apparentent à l’image d’un objet qui sécurise et délimite l’espace. L’abri flottant est essentiellement équipé d’un poste de pilotage, d’une vingtaine de lits de survie et d'une infirmerie pour les soins. Au-delà des Terres, au-delà des mers, au-delà des frontières, au-delà des guerres… Aylan pourrait devenir les prémices d’un chemin maritime entre les terres.
Prix Odyssée
Les paroles de l’eau
Nicolas Neves
École supérieure d’art et de design de Reims
Prix Odyssée
L’eau à la capacité folle de pénétrer le corps et l’âme et de communiquer sa fraîcheur. Elle communique sa pureté à la substance d’un objet en l’effleurant, en le réveillant. Elle demeure un chaos jusqu’à ce qu’un récit de création interprète son apparente confusion comme simple ambiguïté de la vie. L’eau suscite des rêveries sans fin. Pourtant, au fil du temps, l’eau n’est devenue aux yeux de l’homme qu’un simple produit industriel. Une matière facturée, un liquide inconnu avec lequel on ne parvient plus à communiquer. Imaginez alors, une microarchitecture qui rendrait à l’eau sa liberté autant que sa parole. Une cabane qui viendrait nous livrer les secrets et l’histoire de l’eau, nous dévoilant tout ce qu’elle sait. Par différents dispositifs sensoriels – des enceintes reliées directement au fond de l’eau, une fontaine pompant l’eau à la source qui la ferait couler sur le plancher, un culbuto sonore à échelle humaine, un brumisateur d’eau – cette cabane deviendrait le porte-parole de l’eau pour tous curieux voulant se saisir de son murmure.
Odyssée, en partenariat avec la Cité de l'architecture & du patrimoine a réuni son jury est choisi un projet parmi les 30 présélectionnés.
C'est le projet de PAROLES DE L’EAU qui a été retenu pour sa connivence avec les valeurs de l'Odyssée et sa faisabilité technique, les contenus et usages qu'il propose (médiation, espace de diffusion, programmation ouverte) et sa capacité d’intégration dans les différents environnements (fleuve, canal…).
Jury :
Elisa Yavchitz, directrice Les canaux, Auriane Dumesnil coordinatrice de la Résidence de l'eau, Aurélie El Hassak Mazorati, directrice générale de la CASP, Eugénie Lefebvre, directrice générale des Magasins généraux, Julia Turpin, Architecte associé du cabinet Grand huit, François Bellanger Directeur général Transit city, Guillaume Hanoun, Moon architecture, Stephane Juguet (anthropologue), directeur What timez is it, Sebastien Ruiz, secrétaire général du Fonds de dotation Agnès, Céline Longuépée Dircom HAROPA, Olivier Meier, directeur CDT 93, William Duffourq Aurore, Hélène Billy, Emmanuelle Segura , Morgane Melou, Esteban Ricardo, l'ODYSSÉE.
Les paroles de l'eau
Aylan
OnSite
Christina Vryakou, Gautherot Félix et Goulven Le Corre
École nationale supérieure d'architecture Paris-Belleville
La cabane est un outil de prise de conscience, un lieu d’isolement : un espace pour observer un fragment de paysage. Considérons un îlot construit seulement par le vide. Ce dernier devient l’objet de la conception, l’identifier c’est mettre l’accent sur l’environnement dans lequel le projet s’installe. Imaginer ce vide imposer un contour, un cadre. L’aquabane s’apparente alors à la création d’une enclave, d’une île, d’un véritable lieu. Un objet clos, fermé de l’extérieur et ne renvoyant à rien de semblable dans son environnement proche. L’intérieur en revanche s’ouvre sur la portion de site qu’il renferme pour offrir un espace de concentration et d’ouverture. Le projet s’implante dans une situation spécifique : celle des marées. Vivre avec les marées, c’est se reconnecter à la nature, à son rythme, à ses bienfaits mais aussi à ses contraintes. OnSite devient un objet, un lieu, ancré au sol dans lequel on accède par la terre lorsque la marée est basse et, une île, une enclave inaccessible, flottante, isolée, lorsque la marée est haute.
OnSite
Habiter Autrement, sur l’eau, Tunis
Mini Maousse se décline aussi en Tunisie dans le cadre l’Institut supérieur des Beaux-Arts de Tunis,
Suivit par Rym Abid et Majed Turki, enseignants de l’Institut supérieur des Beaux-Arts de Tunis, Département Design, master 1.
Et si on devait étendre la ville sur l’eau ?
Dans une surface flottante de 50 m², imaginez le logement d’une ou deux personnes, à la fois isolé – donc autonome en énergie et réseaux – mais aussi relié à la rive par sa conception, ses fonctions, ses matériaux…
L’aquabane doit répondre aux besoins d’un occupant prédéfini, tout en étant le plus écologique possible dans ses matériaux, son mode constructif, ses équipements, son système de flottaison et son autonomie.
3 réponses par les étudiants du département Design, master 1.
L’aquabane d’un ingénieur dans le barrage de Bni Mtir
par Bochra Ben Saad
Dans le barrage de Bni Mtir, au Nord-Ouest Tunisien, l’ingénieur en chef s’installe dans un logement écoconçu et confortable. Les matériaux innovants et légers, la composition simple et épurée, font de ce logement un habitat contemporain flottant.
L’Aquabane d’un couple d’écolos à Korbous
par Souleima Hamouda
Un couple d’écolos décide de s’installer dans la baie de Korbous. Ils construisent leur aquabane à partir de matériaux recyclés. Leur habitation, en forme de coquille, illustre leur concept : faire renaitre la nature de ce qui la tue : les déchets.
L’aquabane d’un sportif dans la baie de Sidi Bou Saïd
par Mohamed Aziz Ben Rebah
Un féru de sports nautiques, amoureux de la mer, s’installe dans la baie de Sidi Bou Said dans une habitation flottante, en forme de paddle géant. La partie submergée est son espace de vie. Seule une plateforme est visible. C’est d’ici qu’il pourra contempler la baie à 360°.
Information
Informations pratiques
Président de jury : Chris Younes, philosophe, professeure, chercheuse
- Catherine Chevillot, présidente de la Cité de l’architecture & du patrimoine
- Fiona Meadows, responsable de programmes, département de la Création architecturale, Cité de l’architecture & du patrimoine
- Arnaud Godevin, directeur de l’École supérieure du bois
- Alice Audouin, fondatrice d’Art of Change 21, cofondatrice de Coal, du C3D et d’AdWiser
- Isabelle Daeron, designer
- Yolaine de la Bigne, journaliste
- Cédric Enjalbert, journaliste à Philosophie magazine
- Gabrielle Jequece, responsable du programme Architecture et Paysage à la direction du mécénat de la Caisse des dépôts et consignations.
- Anne Perrot, membre de La Seine n'est pas à vendre
- Philippe Rahm, architecte
- Jacques Rougerie, architecte
Calendrier
- 17 mars 2021 : Jury final
- été 2021 : Atelier de fabrication de maquettes à grande échelle
- Mars 2022 : Exposition
- Lancement Mini Maousse 9 : mars 2022
minimaousse@citedelarchitecture.fr
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Soutiens
Mini Maousse bénéficie du mécénat de la Caisse des Dépôts
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Dossiers techniques des projets lauréats