"A roof for silence"
Captation de la conversation qui s'est tenue le 5 novembre 2021
« Pourquoi ne pas penser les lieux par rapport à leur potentiel de vide plutôt que de plein ? Comment lutter contre la peur du vide en architecture ? Comment imaginer des formes qui génèrent des lieux de silence et de recueillement ? » Hala Wardé. Rencontre-débat avec Hala Wardé et Alain Fleisher, animée par Francis Rambert, directeur de la Création architecturale, suivie de la projection du film d’Alain Fleischer Les Oliviers, piliers du temps (16 min.) Pour le Pavillon libanais de la 17e Exposition internationale d’architecture de Venise, Hala Wardé, fondatrice du cabinet HW Architecture, qui a réalisé le Louvre Abu Dhabi avec Jean Nouvel, présente A Roof for Silence dans les Magazzini del Sale (Zattere), du 22 mai au 21 novembre 2021. En écho à la problématique « How will we live together ? » posée par Hashim Sarkis, commissaire général de cette Biennale, elle aborde le vivre-ensemble à travers un questionnement autour des espaces de silence, en faisant dialoguer l’architecture, la peinture, la musique, la poésie, la vidéo et la photographie. Le Pavillon libanais est conçu comme une partition musicale, faisant résonner les disciplines, les formes et les époques pour provoquer l’expérience sensible d’une pensée articulée autour des notions du vide et du silence comme conditions temporelles et spatiales de l’architecture. Une installation « révélationnaire », selon la formule de Paul Virilio, en hommage au célèbre penseur et urbaniste. Conçu comme un manifeste pour une nouvelle forme d’architecture, le projet de Hala Wardé s’appuie sur les formes cryptiques d’un ensemble de seize oliviers millénaires du Liban. Figures tutélaires du Pavillon libanais, ces arbres légendaires, dont les creux abritent la vie de différentes espèces, sont des lieux de recueillement ou de rassemblement, où les paysans se réunissent depuis des générations pour y décider des affaires du village ou y célébrer des noces. « Nous allons ancrer ce projet dans la nécessité du vide, et la vie qui peut l’habiter comme un silence. » Hala Wardé. Questionnement sur l’approche territoriale et urbanistique du vide, ce projet architectural est introduit par des pièces de la série de tableaux « Antiformes » de Paul Virilio (1962), théoricien de l’accélération du temps et de la désintégration des territoires. Il met en résonance les « Antiformes », espaces d’entre-deux du vide et du plein, avec la représentation graphique des oliviers, ainsi qu’avec celle de l’empreinte de la déflagration du port de Beyrouth, le 4 août 2020. Il trouve sa clef de voûte dans une pièce centrale, lieu ultime de l’expérience, conçue autour d’une œuvre d’art de la poétesse et artiste Etel Adnan : un ensemble de seize toiles intitulé Olivéa : hommage à la déesse de l’olivier. « Là où il y a un objet sensible, être ou chose, l’espace n’est plus, nous lui retirons un volume, par là-même nous lui donnons une forme : l’Antiforme. » Paul Virilio