Le permanent en architecture
Captation du colloque qui s'est tenu le 16 juin 2018
Colloque annuel Architecture et Philosophie. Vendredi 15 et samedi 16 juin 2018. En même temps qu’elles fragilisent les territoires, les nouvelles conditions d’incertitude et de désorientation contemporaines voient l’émergence et la résurgence de pratiques de recommencements, de reprises, d’initialité : réactivation d’archétypes de l’installation (cabane, grotte...), reprise du geste primitif du « construire » (empilement, assemblage, excavation), approche phénoménologique de l’architecture, réinvestissement de la matière et de sa mise en œuvre, re-nouage à la nature par la géographie, les éléments, etc. Portées par de grandes figures de l’architecture comme Peter Zumthor ou des collectifs de l’empowerment des habitants-constructeurs, comme Rural Studio ou l’AAA, ces pratiques partagent, par-delà leurs différences, la confiance dans ces gestes archaïques pour redonner du sens, se référant moins à la culture savante qu’à l’expérience originaire et anhistorique de l’installation humaine. L’archaïque n’évoque, dans le monde contemporain, que des inerties, des formes et modes de pensées rétrogrades, au mieux obsolètes, au pire dangereux. Mais en philosophie, comme dans le champ des sciences de la nature, de la génétique ou en psychanalyse, l’archaïque qualifie une phase naissante ou commençante, qui n’est pas rejetée dans le passé lointain mais qui opère, encore et toujours. C’est même le propre de l’archaïque que de perdurer et de résister au passage du temps, aux contingences du moment, du présent. Ce colloque examinera comment ces stratégies, ces ruses de l’initialité, loin d’être une régression, viennent résister aux puissantes formes contemporaines de déliances, de découpages, de dissociations qui fragilisent les milieux habités, comment elles «font boussole» en proposant des actions simples. Un des enjeux du colloque consistera à mieux identifier les figures d’expression relevant de l’archaïque dans le champ de l’architecture contemporaine, mais aussi à chercher les motifs de ces résurgences. A cartographier ces pratiques d’initialité et à déployer les diverses significations qu’elles impliquent. Responsable scientifique : Stéphane Bonzani - GERPHAU. Organisateurs : Cité de l'architecture & du patrimoine, laboratoire Gerphau, ENSA Paris La Villette. Avec le soutien du réseau PhilAU (réseau scientifique thématique : Philosophie, Architecture, Urbain), du réseau européen ARENA et de l'esalab.