La fabrique de l'ornement : pour une histoire de la création ornementale du Moyen Âge au XXe siècle
Captation de la conférence prononcée le 21 novembre 2013
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- L’ornement d’architecture : héritage et innovations, controverses
Envisagée dans la longue durée, l’histoire de l’ornement apparaît d’une richesse et d’une complexité jusqu’à peu occultées par le rejet radical dont cet aspect de la création fut l’objet, à la suite d’Adolf Loos et du Mouvement moderne. Victime d’un débat stérile qui opposa vainement l’artisan à l’artiste, l’ornement est de nouveau sollicité par les créateurs et échappe à l’opprobre des esthètes « éclairés ». Une nouvelle génération de chercheurs lui redonne désormais sa juste place dans l’histoire des arts, dans toutes ses dimensions, y compris les plus paradoxales. Puisant sa source dans la nature et dans l’art, dans les règnes végétal et animal, dans la géométrie, l’écriture, l’architecture et l’industrie, le répertoire ornemental est un miroir du monde. Il est aussi un marqueur de l’histoire tant certains ornements peuvent assigner un objet ou une architecture à une date, une période, un milieu. L’histoire de l’ornement est en effet traversée de surprenantes permanences, bien qu’elle soit fortement liée aux fluctuations de la mode : de nombreux motifs reviennent régulièrement au premier plan, grâce aux habiles variations qui les adaptent aux attentes d’un nouveau public, aux exigences de nouveaux supports, matériaux, techniques. Souvent élaborés pour la satisfaction des élites, les motifs les plus originaux, s’ils rencontrent le succès, passent de l’œuvre unique à la production en série, au risque de la banalisation. Or, lorsqu’il est à son meilleur, l’ornement participe de l’essence même des architectures ou objets dont il est consubstantiel, transcendant la fonction, la forme et la matérialité de toutes les productions, jusqu’aux plus triviales