Autour d'Yves Bélorgey
Captation de la discussion qui s'est tenue le mercredi 11 mai 2022
«Depuis une trentaine d’années, Yves Bélorgey réalise des tableaux et des dessins carrés de 240 cm de côté. A cette unité de format et de technique s’ajoute une unité de sujet et de méthode. Il s’agit d’une vaste enquête sur les grands ensembles construits dans les années 1950-1970 un peu partout dans le monde. Ces architectures constituent le legs de la modernité dans nos cadres de vie. Yves Bélorgey est sensible à la proximité formelle de ces bâtiments avec les tableaux de l’abstraction géométrique. Le choix du format carré, c’est-à-dire ni « paysage » ni « figure », la souligne. De même la grande taille de ces peintures est-elle héritière des « conquêtes spatiales » de l’expressionnisme abstrait américain des années 1950. Façon de prendre le relais de ce passé héroïque, peindre un immeuble moderne à la façade en grille permet à Yves Bélorgey de faire basculer le plan du tableau dans l’espace perspectiviste et de passer de l’ère de l’abstraction à celle de sa représentation. Longtemps ses images se sont concentrées sur le seul bâti : peu ou pas d’éléments vivants, aucune silhouette humaine, aucune indication de saison, etc.» Christian Bernard, juillet 2021 (extrait). Tel un archivage méthodique de tout un pan délaissé de l’architecture moderniste et d’un projet social révolu, l’œuvre d’Yves Bélorgey voit progressivement apparaître les intérieurs et la figure humaine, au fur et à mesure que ces mêmes immeubles sont détruits ou rénovés. En délaissant la technique de la peinture à l’huile, il travaille aujourd’hui avec des pigments secs qu’il dépose et fixe directement sur la toile. En se rapprochant des dessins au graphite et de la photographie, cette technique assure un contact direct avec les couleurs, et rend plus vibrant le sujet de prédilection de l’artiste – l’immeuble habité.