Un bâtiment, combien de vies ?
La transformation comme acte de création
Catalogue de l'exposition présentée du 17 décembre 2014 au 28 septembre 2015
Et si l’on arrêtait de démolir systématiquement pour construire ? Passé la Reconstruction de l’après-guerre guidée par l’urgence, puis la « rénovation-bulldozer » des années 1960-1970 animée par l’idéologie de la table rase, l’heure est à la transformation des bâtiments existants et des territoires urbanisés.
Confrontée à la terrible réalité de l’étalement urbain, grand consommateur d’espaces naturels, la ville du XXIe siècle est à la recherche de nouveaux modèles plus compacts. Dès lors, tout est affaire de reconquête, de réappropriation, de réutilisation, de recyclage. Ce renouvellement urbain nous plonge dans l’ère de la superposition, du palimpseste, il ouvre le champ de la réinterprétation, voire celui de la « réinvention » chère à Viollet-le-Duc.
Il y a une logique à transformer le patrimoine construit, la densification de la ville y pousse, la réflexion sur la durabilité y conduit. C'est sans doute cela la nouvelle expérimentation spatiale, technique et programmatique du XXIe siècle, dans une équation économique indispensable à résoudre. « Le durable c’est le transformable », résume Christian de Portzamparc.
À l’heure de l’obsolescence programmée, la question de la reprogrammation se pose avec d’autant plus de force. Le regard se tourne d’abord vers tous ces espaces capables issus du monde industriel (usines, gazomètres, silos, entrepôts...) Mais, dans la diversité de l’offre patrimoniale d’aujourd’hui, l’enjeu est bien plus complexe et concerne en fait tout type de construction : de la gare à la prison, de l’église au marché couvert, du château d’eau à la tour de bureaux, du garage au tunnel, du viaduc à la cale sèche... L’architecture comme les infrastructures sont concernées par cette mutation profonde.
Cet ouvrage, qui accompagne l'exposition produite par la Cité de l'architecture & du patrimoine à Paris, présente 72 projets choisis en Europe, dépassant l'exigence de la mise aux normes des bâtiments obsolètes ou de leur réhabilitation pour affirmer l'idée de la transformation comme acte de création à part entière. Il s'organise en huit sections thématiques, introduites chacune par le texte d'un architecte ou d'un critique sur la démarche de transformation, et propose une perspective chronologique à l'échelle mondiale posant, sur cinquante ans, des jalons de l'évolution du débat transformation versus destruction.