N° 11, janvier 1998 - Jean Dubuisson
Éditorial
On pourrait présenter Jean Dubuisson d'abord comme un « architecte de la crois-sance », citer les milliers de logements ou de mètres carrés qu'il a, comme beaucoup d'autres, édifiés, des chiffres qui laissent rêveurs les architectes d'aujourd'hui... Ce n'est certainement pas ce que lui-même mettrait en avant. Son architecture ne peut se compren-dre sans le facteur du nombre, omniprésent entre 1950 et 1980, mais elle s'appréhende d'abord en termes de culture et de qualité. C'est bien à ce double titre qu'elle est au-jourd'hui mise en lumière par l'Institut français d'architecture.
Le ministre de la culture a rendu en janvier 1997 un hommage aux qualités spatiales et constructives des lignes et des matériaux de l'architecture de Jean Dubuisson. Un goût de l'habiter, sensible des résidences de luxe de la Côte d'Azur aux « plans de cellules » des grands ensembles lorrains ; un amour de la nature, qui sauve de la désincarnation les opéra-tions hors d'échelle des années soixante ou soixante-dix ; un souci du détail évident dans les réalisations comme dans les dossiers d'archives laissés par l'architecte.
Partisan convaincu du modernisme des CIAM, Jean Dubuisson en a exploré les poten-tialités esthétiques et constructives dans bien des projets qui ont aujourd'hui valeur de re-père historique sans avoir perdu leur valeur d'usage. Revisités par des paysagistes ou des architectes, parfois même démolis — n'est-ce pas le sort assigné dès l'origine à bien des immeubles de ces années ? —, ces ensembles gardent pourtant leur sens et leur intention.
La culture de Jean Dubuisson est professionnelle, technique, assise sur une formation Beaux-Arts (Premier Grand Prix de Rome), mais capable aussi d'obtenir des prouesses de la part des entrepreneurs. C'est, encore, cette culture profonde qui met l'usage avant la forme, sans pour autant oublier la forme : Dubuisson n'est-il pas connu d'abord comme un orfèvre en « grilles » de façades ?
Une douzaine d'années après avoir — dès 1983 — fermé son agence, Jean Dubuisson a fait don à l'État de ses archives, déposées à l'Ifa où Pascal Perris, professeur à l'école d'architecture de Nancy, les a aussitôt classées. Un don remarquable (l'exposition permet-tra de découvrir un exceptionnel ensemble de maquettes), à la suite duquel l'Ifa a tenu à concevoir cet hommage concret, tourné vers le public, qu'est l'exposition. S'y sont joints Pascal Perris, commissaire associé, et la famille de l'architecte, en particulier Sylvain Du-buisson, auteur, avec son fils Thomas, de la scénographie, et que je remercie ici de leur participation.
Enfin, l'exposition a été l'occasion de réunir de nombreux partenaires, dans la perspec-tive d'une itinérance inséparable du projet d'ensemble. Elle sera présentée à Lyon puis au Centre des archives du monde du travail à Roubaix, partenaire régulier des expositions de l'Ifa, et circulera, dans une version plus légère, dans plusieurs écoles d'architecture.
François BARRÉ
Sommaire
2 Éditorial
Par François Barré
3 Jean Dubuisson vu par Claude Parent, le 26 février 1980
4 Jean Dubuisson, un hérisson dans la tempête
Par Pascal Perris
16 Répertoire des archives de Jean Dubuisson
38 Index
Fiche technique
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