Apparues à la charnière du Xe siècle, dans le contexte de la société féodale, les tours en bois construites sur une butte artificielle (mottes castrales), symboles du pouvoir seigneurial, cèdent progressivement leur place aux donjons en pierre. Cette évolution est en partie liée aux innovations de l’artillerie et de l'armement. Catapultes et trébuchets modifient en effet la manière de mener l'assaut comme de résister aux attaques.
Bâti sur un plan quadrangulaire, le donjon de Loches est un des plus anciens et des mieux préservés de France. Construit de 1013 à 1035 par Foulque Nerra comte d’Anjou, ce donjon rassemblait les fonctions de résidence seigneuriale et de forteresse défensive.
La tour maîtresse de Provins, dite Tour César, construite vers 1150 par Henri le Libéral, comte de Champagne, témoigne de l’affirmation de la vocation militaire des donjons. Sa forme octogonale flanquée de quatre tourelles réduit considérablement les angles morts, principale faiblesse des donjons quadrangulaires.
Le château de Coucy, élevé par Enguerrand III entre 1225 et 1242 s’inscrit dans cette évolution. Il se fonde sur le modèle castral créé sous le règne de Philippe Auguste, caractérisé notamment par l’érection de tours circulaires et la normalisation des systèmes de défense. Pour Viollet-le-Duc, adepte de la couleur locale, aucun autre château que Coucy ne pouvait dépeindre « mieux la féodalité dans sa puissance, ses mœurs, sa vie toute entière ».