L’exposition "Mai 68. L’architecture aussi !" invite à revisiter cette quinzaine d’années (1962-1977) qui vit le renouvellement de l’enseignement accompagner celui de l’architecture, l’urbanisme.
Mai 68, fini les Beaux-Arts, on invente! Quoi, vers où? On verra bien…
Les directions que prennent l’architecture et son enseignement à partir du milieu des années 1960 sont multiples et les carrefours parfois dangereux. Les premiers troubles importants éclatent à l’Ecole des Beaux-Arts autour de 1966. Ils s’accompagnent d’une revendication des étudiants en architecture les plus avancés pour la Théorie « majuscule » et pour, à la clé, un statut d’intellectuels, reposant sur l’apport décisif des sciences humaines dans la formation des architectes.
L’engagement est politique – à gauche cela va de soi – mais aussi intellectuel, indissociablement tendu vers le renouveau théorique : c’est l’heure du structuralisme spéculatif avec son « effet-logie » qui emprunte autant à la logique mathématique qu’à la linguistique.
Conscients d’un changement inéluctable, les pouvoirs publics avaient bien tenté d’accompagner ce mouvement depuis un certain temps. Ils avaient élaboré un projet de réforme de l’enseignement - que Mai 68 vient faucher. Dès la rentrée suivante, l’architecture et son enseignement se réinventent, hors du cénacle des Beaux-arts, dans de nouvelles « unités pédagogiques d’architecture » (UPA) autonomes. La génération qui s’y forme, même si elle se fédère d’abord sur le rejet de l’héritage, crée de l’idéal et cherche à transmettre quelques références et représentations partagées.
« Années tournantes », les années 1968 s’étirent jusqu’au vote, en 1977, d’une Loi sur l’Architecture qui relaie en partie l’agitation pionnière. Son contenu général déplace notamment l’architecture vers le pôle de la qualité alors qu’elle était depuis la Reconstruction dominée par la quantité.
L’exposition Mai 68. L’architecture aussi invite à revisiter ce champ des possibles, cette quinzaine d’années (1962-1984) qui vit le renouvellement de l’enseignement accompagner celui de l’architecture, de l’urbanisme et des professions qui leur sont attachées.
Le refus virulent de l’héritage ou tout au moins son évolution, l’engagement de ceux qui ont fait des années 1968 un moment de basculement, la réinvention des formes et des contenus pédagogiques qui s’en est suivie et enfin les hypothèses qui furent formulées alors pour la société et l’architecture, sont les grandes thématiques qui permettent d’analyser cette aspiration à faire de l’architecture autrement.
Informations pratiques
Galerie haute des expositions temporaires
1 place du Trocadéro et du 11 novembre, Paris 16e
Métro Trocadéro
Ouvert tous les jours sauf le mardi
de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Plein tarif : 5€
Tarif réduit : 3€
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Commissariat
Caroline Maniaque, architecte et historienne. Professeur d’Histoire et cultures architecturales à l’école nationale supérieure d’architecture de Normandie
Eléonore Marantz, historienne. Maître de conférences en histoire de l’architecture contemporaine, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Jean-Louis Violeau, sociologue. Professeur à l’école nationale supérieure d’architecture de Nantes / chercheur au Centre de Recherche Nantais Architectures Urbanités