L'une des missions attribuée à la Cité de l'architecture et du patrimoine réside en l'organisation d'expositions et la publication de catalogues. Dans ce cadre, le Laboratoire de l'Afrique a proposé un certains nombres d'évènements, comme l'exposition des cases Musgums, "Change ta classe !", et de publications que nous vous invitons à découvrir ici.
Expositions
Kinshassa, chroniques urbaines
En 2001, l’architecte néerlandais Rem Koolhaas présentait dans l'exposition Mutations une analyse de la plus grande ville d’Afrique : Lagos. Son point de vue était particulier. A bord d’un hélicoptère prêté par le général Obasanjo, homme fort de la junte alors au pouvoir au Nigeria, il regardait la cité depuis le ciel. Vue d’en haut, la mégalopole lui apparaissait telle une terre inconnue qu’il aurait été le premier à cerner. Ainsi, semblable à un explorateur, parlait-il de « découverte », d’ « absence de données », comme si rien, ou si peu, n’avait, avant lui, été dit ou représenté de ce vaste ensemble urbain. Pourtant, ils étaient nombreux—peintres, photographes, romanciers, essayistes, pour ne nommer qu’eux—qui avaient pris la ville à bras le corps pour en dire le passé et les futurs possibles, la complexité, la vigueur, la violence, la beauté.
Kinshasa : Chroniques urbaines s’inspire du contre-exemple de Mutations pour proposer une double approche de la capitale congolaise, deuxième ville d’Afrique : une approche par le bas, née du regard d’artistes et d’écrivains dont la pratique est ancrée dans une expérience intime de l’espace urbain. Une vingtaine de créateurs—individus, binômes, collectifs—sont invités à dire, par la plastique, par le verbe, par le son, Kinshasa telle qu’ils la voient, la vivent, la questionnent, l’imaginent, l’espèrent ou la contestent. La focale est éminemment contemporaine. Créées, pour la plupart, sur une période de quinze ans, entre 2002 et 2017, les œuvres présentées sont principalement le fait d’hommes et de femmes nés après 1975. En cela, l’exposition fait écho à la démographie de Kinshasa, dont la très grande majorité des habitants a moins de trente ans. Créateurs engagés, à la recherche de manières nouvelles de dire et d’imaginer la ville, tant formellement qu’éthiquement et politiquement, les créateurs que l’on rencontre ici mettent radicalement à mal clichés et images faciles.
Commissaires de l'exposition :
- Claude Allemand, historienne de l’art et conservateur général du patrimoine honoraire. Comme conservateur aux musées départementaux de Loire-Atlantique-Musée Dobrée à Nantes, directrice du Fonds national d’art contemporain (FNAC) au Centre national des arts plastiques à Paris, elle a favorisé l’étude et diffusion des œuvres du FNAC en France comme à l’étranger, en Roumanie ou en Afrique, à Kinshasa et à Douala. Elle est membre du Conseil d’administration du Musée international des arts modestes (MIAM).
- Sébastien Godret, photographe, commissaire d’exposition et producteur, diplômé de l'université de Bourgogne en muséologie, actions artistiques (DEA-master 2).
- Androa Mindre Kolo, Artiste
- Dominique Malaquais, (Ph.D. Columbia University) Chargée de recherche au CNRS (Institut des mondes africains, Paris) et, avec Kadiatou Diallo, co-dirige la plateforme curatoriale expérimentale SPARCK (Space for Pan-African Research, Creation and Knowledge).
- Fiona Meadows, architecte, reponsable de programme à la Cité de l'architecture & du patrimoine
Informations pratiques
D'octobre 2018 à mars 2019
Au Musée International des Arts Modestes / https://www.miam.org
En partenariat avec la Cité de l'architecture et du patrimoine qui présentera l'exposition au printemps-été 2019
Galerie basse des expositions temporaires
Exposition "Change ta classe", Cité de l'architecture & du patrimoine
Avril - mai 2013
Une exposition de 9 classes et d'ateliers, a été présentée à la Cité de l'architecture & du patrimoine, du 14 février au 18 mars 2013 et au Musée d'art et d'histoire de Saint Denis, entre le 10 avril et le 13 mai 2013.
Panneaux présentés lors de l'exposition téléchargeables ci-contre
Exposition, Les cases Musgums des maisons respectueuses de la Terre
Cité de l'architecture
2003
Bien que fascinante, étudiée par des spécialistes et reconnue par des voyageurs célèbres tels qu’André Gide, la culture musgum, ancienne et largement présente dans le nord du Cameroun où elle constitue un trait d’union avec le Tchad voisin, reste trop peu connue. L’une des particularités de ce peuple est l’habitat qu’il a inventé : la case musgum, en forme d’obus.
La case musgum, objet architectural unique, construit à la main, très résistant et de conception écologique, se présente comme une grande coupole parabolique. Cette case subsaharienne, spectaculaire par sa taille, peut atteindre dix mètres de hauteur et sept mètres de diamètre. Elle est constituée d’une mince paroi faite d’un savant mélange de terre argileuse mêlée à de l’herbe suksukyi et à des excréments de chèvre. La case musgum n’a aucun renfort structurel de bois, ce sont les motifs extérieurs, de petits contreforts de terre, qui contribuent à la tenue de l’édifice et servent d’échafaudage naturel ,pour permettre aux bâtisseurs de grimper jusqu’au sommet de la coupole, percé d’un conduit de ventilation susceptible d’être couvert pendant la saison des pluies.
Or cette architecture de terre qui constitue l’unité d’habitation des villages traditionnels appartient déjà en grande partie au passé. Au début des années 1990, elle n’existait quasiment plus que dans la mémoire collective. Sa technique n’était connue que, de quelques anciens, les derniers maîtres bâtisseurs. Les Musgums délaissent en effet l’habitat traditionnel pour des cases préfabriquées en béton, plus résistantes aux conditions climatiques et plus faciles à construire. Pourtant, la case musgum est un exemple magnifique de ces “maisons respectueuses de la Terre”, en voie d’extinction.
L’exposition s’est articulée en quatre parties :
- D’abord, l’histoire et la vie quotidienne du peuple musgum prennent forme à partir d’un “récit dessiné” réalisé par Christian Seignobos, chercheur à l’Institut de recherche et développement (IRD). On y verra comment ce peuple des bords du fleuve Logone vit, pêche, navigue…, comment ce peuple de guerriers se défend, et quelle mémoire il garde de son histoire.
- Une “galerie photographique” donne aussi à voir la vie quotidienne des Musgums, cette fois à travers le regard de photographes occidentaux, lors de différentes missions effectuées du début du xxe siècle à nos jours : mission Moll en 1905, Marc Allégret en 1926, Michel Kalt dans les années 1950, Guy Philippart de Foy dans les années 1970 et, plus récemment, dans les années 1990, Renaud Guillou et Jacques- Yves Gucia.
- En troisième lieu, on découvre comment construire une case musgum, à partir de l’expérience du chantier-école mené en 1996-1997 à Mourla par Patrimoine sans frontières, sous la direction de l’architecte Fabien Jamin. En organisant la transmission concrète du savoir-faire des anciens bâtisseurs aux jeunes, ce chantier a abouti à la construction d’une concession de plusieurs cases. Sous la forme d’un story-board, les différentes phases du chantier sont explicitées : la fabrication du matériau de base, les outils, les étapes de la construction, du traçage au sol jusqu’aux finitions.
- En dernier, une série de photographie présentant cinq exemples contemporains d’architecture de terre en Afrique pour différents usages : bibliothèque, marché, école, maison et hôpital pour affirmer que ce matériaux permet des constructions modernes*.
Enfin et surtout, l’exposition a offert l’occasion d’ouvrir un débat architectural sur les réinterprétations possibles de l’architecture traditionnelle musgum. Il ne s’agit pas en effet de réhabiliter pour le muséifier un patrimoine en voie de disparition mais bien d’envisager sa place dans la création architecturale musgum actuelle. Dans cette perspective, il est essentiel de comprendre ses modes de production, d’abord pour consolider les constructions existantes et assurer leur pérennité structurelle (amélioration de la résistance de la terre à la pluie, par exemple), puis pour y intégrer des éléments de confort moderne, dans le respect de l’environnement et en accord avec les possibilités techniques et économiques locales.
Et pourquoi ne pas imaginer l’extension de ce type de construction à d’autres usages que l’habitat : équipements pour la communauté (école, bibliothèque…), aménagements contribuant au développement d’une économie durable locale (chambres d’hôtes, boutiques, ateliers d’artisanat…) ?
La case musgum – par sa conception architecturale et constructive remarquable, par son principe d’autoconstruction vernaculaire, par l’utilisation de matériaux locaux impliquant les habitants dans la réalisation, par son coût modeste adapté à l’économie locale, par son caractère écologique – constitue indéniablement un objet architectural à valoriser dans la préservation du patrimoine rural mondial.
Fiona Meadows, commissaire
Institut français d’architecture// Cité de l’architecture et du patrimoine
Listes des 5 projets :
- Une maison pour guerrir , Hôptal de Kaédi , Mauritanie, de Fabricio Carola
- Une maison pour apprendre, Ecole primaire de Gando , Burkina Faso, de Diébédo Francis Kéré
- Une maison pour lire, Bibliothèque Mutinga , Burundi de BC Architects
- Une maison pour vendre , Marché central, Koudougou, Burkina Faso, de Laurent Séchaud. Copy Right : Amir Myssoud Anoushfar (fondation Aga Kanh)
- Une maison pour Habiter, concours Reinventing African Mud HUt Together organisé par NKA Foundation de l’ Atelier KOé - Dagneux Gilabert Rowland, Sénégal. Copy Right : NKA Foundation.
Dossier complet de présentation de l'exposition pour plus d'informations téléchargeable ci-contre
Ouvrages
Ma cantine en ville, voyage au cœur de la cuisine de rue
Alternatives
Sous la direction de Fiona Meadows et Michel Buisson, paru le 31 octobre 2013 broché
"Du truck californien sophistiqué au modeste foyer à bois posé à même le sol au bord d’une route malienne, en passant par le tricycle aménagé avec légèreté pour parcourir les faubourgs de Pékin, cet ouvrage explore – à travers des témoignages photographiques, des analyses socio-anthropologiques, mais aussi des actions/propositions de plasticiens, de designers, d’architectes – la réalité contemporaine de ce que l’on appelle communément la « street food ». En adoptant ce thème, le 5e concours Minimaousse se proposait de sensibiliser les étudiants en création (architecture et design) à un double enjeu planétaire, apparemment sans rapport direct : celui de l’alimentation et celui de l’espace public. Comment nourrir et se nourrir dans la densité et l’extension infinie de nos villes et comment faire que ces moments soient facteurs de sociabilité ?"
Habiter le campement, Nomades, voyageurs, contestataires, conquérants, infortunés, exilés
Sous la direction de Fiona Meadows
Actes Sud Beaux-Arts, L'Impensé
Mai, 2016 / 17,0 x 24,0 / 352 pages
Coédition Cité de l'architecture & du patrimoine
"Architectures de nomades, de voyageurs, d’exilés, d’infortunés, de conquérants et de contestataires : Habiter le campement interroge le rapport entre la notion d’habitat, qui implique une pérennité, et celle du campement, qui suppose un état provisoire. Des contextes politiques, économiques et environnementaux ont en effet conduit des milliers de personnes à s’établir et à s’organiser de manière durable dans des campements. Plus de 300 photographies."
Liaisons urbaines, Transformation d'espaces publics de villes africaines
a.p.r.e.s éditions
Avril 2016
"Liaisons urbaines est un programme de mise en valeur d’espaces publics de villes africaines par des interventions qui croisent aménagement urbain, design, art et patrimoine.
A travers trois expériences menées à Porto-Novo au Bénin, N'Djaména au Tchad et Casablanca au Maroc, le livre restitue les processus de conception et de réalisation des projets qui ont associé habitants, municipalités, opérateurs culturels, designers, architectes et plasticiens".
La case obus - Histoire et reconstitution
Christian Seignobos, Fabien Jamin
Collection : Architectures traditionnelles
24,5 × 21 cm, 216 p., 140 photographies, dessins et relevés en noir et en couleur, glossaires thématiques, bibliographie, 2003.
ISBN 2-86364-119-0
Prix : 27 €
Architectures au Cameroun
Institut français d’architecture
Livre et DVD édités par la Cité de l’architecture & du patrimoine dans le cadre du programme de l’association AOA sur la micro-architecture.
Le livre rend compte de deux expériences pédagogiques à Mayyo Daneyel.
2006