Les villes africaines sont un enjeu majeur pour le continent, nous les connaissons mal. "Regard sur la ville" cherche d'une part à présenter des villes à partir d' articles portfolios,
chacun ayant une thématique spécifique, d'autre part à montrer le work in progress d'itinéraires Porto-noviens, une plateforme multimédia permettant de visiter virtuellement Porto-Novo, capitale de la République du Bénin, au moyen de vidéos, de photos, de textes et de contenus audio, à la suite des habitants de la ville.
1- Itinéraires porto-noviens
Les itinéraires de chacun, le patrimoine de tous !
Itinéraires Porto-noviens est une plateforme multimédia permettant de visiter virtuellement Porto-Novo, capitale de la République du Bénin, au moyen de vidéos, de photos, de textes et de contenus audio, à la suite des habitants de la ville. Le visiteur y est amené à parcourir les lieux de cette capitale ignorée, à la richesse architecturale unique dans la région. Une architecture ici pensée comme un point d’entrée, une porte ouvrant sur les manières de vivre et d’habiter des Porto-Noviens, hier et aujourd’hui.
IP a été conçu par l'Agence BAZINI. Bénin. Mach-houd Kouton en assure la coordination. Saison après saison, il s’adonne à l’écriture de contes, à l’écriture et à la réalisation audiovisuelle, à l’exploration du patrimoine culturel, etc.
À partir de sa passion pour le patrimoine de Porto-Novo au Bénin, de son intérêt pour les questions de médiation, notamment numérique, il a conçu le projet IP. Ce projet est au carrefour de la culture, des sciences sociales et de la technologie pour découvrir, apprendre, lire, et dessiner Adjaché, Hogbonou, Porto-Novo, la ville aux 3 noms, aux nombreuses communautés, langues et religions. Un projet avec et par les habitants.
IP est mené en partenariat avec Elieth Eyebiyi (LASDEL. Bénin), Saskia Cousin (Université Paris Descartes, France et Institut Universitaire de France), Gael Chareyron ( École Supérieure d’ingénieur Léonard de Vinci. (La Défense, Paris France).
Merci à Julie Merlo, qui pour son stage de master 2 de l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, arpente Porto-Novo et ses itinéraires.
Porto-Novo : ville historique, ville plurielle, ville créole
Porto-Novo se découvre au long de ses rues que bordent les traces architecturales de différentes périodes : maisons à l’architecture afro-brésilienne réminiscence du lointain Brésil et des marchands portugais du 19e siècle, palais royaux, bâtiments administratifs ou privés à l’architecture coloniale française…
Entre ces marques, et visibles pour la plupart seulement au second coup d’œil, se glissent d’autres empreintes, tout aussi réelles. Des divinités vodun structurent la ville depuis leurs places, leurs temples, leurs autels ou leurs arbres sacrés. Des noms patronymiques racontent l’histoire et la noblesse de cour. Les plats de la cuisine locale ont un parfum bahianais à l’image du Ablo, très prisé à Porto-Novo, ou de la Fechoada.
Le visiteur, pour peu qu’il soit accompagné, découvre une ville en perpétuelle créolisation au sens d’Edouard Glissant[1]. Créole comme l’est la Grande mosquée, construite dans les années 1930 et inspirée d’une mosquée afro-brésilienne nigériane, elle-même réplique d’une église de Salvador de Bahia. Avec ses vitraux colorés, elle est issue d’une tradition chrétienne et afro-brésilienne réappropriée localement.
L’imbrication de ces traces de l’histoire fait de Porto-Novo un ensemble urbain unique dans la sous-région ouest-africaine. Si l’une ou l’autre des formes architecturales – afro-brésilienne, vernaculaire, coloniale – est très présente dans certaines capitales africaines comme Dakar, Lagos ou Lomé, aucune autre ville ne réunit les trois références en si grand nombre.
Le numérique, outil de médiation pour les habitants et les visiteurs
La richesse de Porto-Novo se situe dans cet entremêlement de styles architecturaux autant que dans les manières d’habiter, de circuler, de manger, de croire de ses habitants. Si le numérique permet aujourd’hui de rendre cette complexité accessible aux Porto-Noviens comme aux visiteurs, avec Itinéraires Porto-noviens, les habitants sont aussi les médiateurs qui, au travers de ces manières de faire, révèlent leur ville aux visiteurs.
Les visites se font aussi bien à travers des terminaux mobiles (smartphone, tablette tactile) que fixes (ordinateur). Sur une carte de la ville, des itinéraires thématiques et d’autres avec des habitants sont proposés : ils conduisent aussi bien à la rencontre des adeptes du temple de Goun Komé que des artistes de la ville, des patrimoines architecturaux, ou bien des lieux qui font sens pour une jeune commerçante. Le visiteur pourra se promener dans l’espace et dans l’histoire de Porto-Novo au rythme de ceux qui y vivent ou y ont vécu.
Le projet a ainsi une double vocation : servir de miroir de leur identité multiple aux habitants et permettre aux visiteurs de s’y immerger. L’enjeu est de contribuer à préserver, tout au moins sous une forme numérique, la richesse unique de la ville – et notamment son architecture aujourd’hui en péril, menacée par le temps et les processus de « modernisation ». Par cette richesse-même, Porto-Novo, ville à l’écart des circuits touristiques du pays, a aussi vocation à y trouver une place de choix.
[1] La créolisation est la mise en contact de plusieurs cultures ou au moins de plusieurs éléments de cultures distinctes, dans un endroit du monde, avec pour résultante une donnée nouvelle, totalement imprévisible par rapport à la somme ou à la simple synthèse de ces éléments.
2- Christine Mengin et Alain Godonou
Porto-Novo : patrimoine et développement
" Si la préservation du patrimoine bâti semble constituer un objectif consensuel, en raison de sa valeur artistique et historique et comme vecteur d’identité et de lien social, l’intégration de la dimension culturelle dans les projets de développement s’accorde encore difficilement avec la logique économique qui, légitimement, les sous-tend. La mise en valeur des sites patrimoniaux fait ainsi l’objet de tensions entre les exigences liées à leur conservation et l’obligation d’en tirer des revenus, ne serait-ce que pour en financer la restauration et l’entretien. Dans un contexte non occidental, elle peut de surcroît se heurter à des résistances culturelles. Le présent ouvrage a pour objet l’examen du processus de patrimonialisation du centre historique de Porto-Novo, capitale du Bénin, en l’abordant sous l’angle de plusieurs disciplines universitaires, mais aussi par la pratique de différents acteurs du patrimoine. [...]"
© Publications de la Sorbonne, 2013
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3- Portfolios de villes
Maria Anita Palumbo
"Instant cities, ou de la capacité à reproduire l’espace, et le temps, d’une situation marchande dans la ville"
"Si nous devions penser à une ville africaine, l'image qui, très probablement émergerait, sans filtres, à l'esprit de tout citoyen européen, serait un ensemble de couleurs, d'odeurs, de mouvements de foule. Une sensation de chaos et de désorganisation remplit notre stéréotype quant aux «problèmes» des villes africaines et leur part d '"informalité".
Ce regard «normatif», qui rejette dans le chaotique et le non-planifié l'urbanité récurrente sur le continent africain, souvent empêche de «voir» et de ressentir, de se mettre à l’écoute de ce que la spatialité africaine nous raconte et enseigne, à l'égard de la condition urbaine contemporaine.[...]"
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Jean Christophe Lanquetin
"Une forêt dense et sombre"
Dakar 2013-2015
"Je cherche une ville. Une ville qui est là, devant nous, parmi les débris du monde, au coeur des processus de décomposition - recomposition dans lesquels nous vivons. Cette ville est active, un monde commun latent, des ‘espaces autres’2 déjà, toujours, présents et qui inventent, agissent. Je cherche à en capter des visions, des fragments. Ce n’est pas l’urbain qui vient, matérialisé par des images virtuelles sur des panneaux de chantiers ou la construction massive d’immeubles et de gated communities. Cette ville là, un violent mirage idéologique, ne s’intéresse pas aux gens, à la manière dont les habitants font l’urbain, en sont l’infrastructure. Ainsi, lors de trois séjours entre la fin 2012 et aout 2015, en immersion à Ouakam, dans la banlieue de Dakar, c’est cette ville autre que je cherche. Dans cet essai photographique et textuel, je tente d’en esquisser la réalité fractale et complexe."[...]
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Monica Coralli
"Modes d’habiter en ville ou la course au chez soi à Cotonou"
2017
"Acheter, louer, occuper ou être hébergé. Ces quatre catégories renvoient à des modes de vivre en ville et à des trajectoires résidentielles différentes. En observant depuis 2010 et, auparavant, entre 2002 et 2005, de manière transversale, les stratégies de l’habiter en milieu urbain en Afrique de l’Ouest, je suis convaincue qu’en passant d’une capitale à l’autre, de fortes similitudes existent entre les réponses des habitants à la spéculation foncière et à la pression démographique dont ils font l’objet. Ces alternatives habitantes réactivent le débat sur l’efficacité des politiques urbaines en matière de logement dans ces villes. Ceci étant dit, c’est à Cotonou, au Bénin, que j’ai observé et tenté de décrire les dynamiques en cours. Ainsi, la validité de ces propos ne saurait être généralisée aux autres [..].pays."
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Franck Houndégla
"Des paysages urbains en transformation rapide"
2016
"La pratique régulière de villes d’Afrique subsaharienne révèle des paysages en transformation rapide, marqués par l’évolution des formes architecturales et urbaines, l’apparition de nouvelles esthétiques urbaines et la mutation des modes de vie citadins. Ces transformations prennent place dans un contexte de croissance urbaine rapide visible dans l’expansion spatiale, la densification des villes et l’émergence de nouvelles agglomérations.[...]"
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