Lucas Jollivet (né en 1987) est diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Saint-Étienne en 2009. Il crée son agence Lucas Jollivet Architecte à Lyon en 2015, en parallèle de sa pratique chez Tectoniques depuis 2009. Il enseigne à l’Ensa de Saint-Étienne depuis 2017. En 2016, il obtient la mention Gold du concours Young Architects Competitions pour un hôtel à Syracuse.
Le portrait
Auteur de réalisations en son nom, chef de projet au sein de l’agence lyonnaise Tectoniques, enseignant, Lucas Jollivet cultive plusieurs jardins à la fois. Mais il tient à maintenir une ligne cohérente entre tous, porté par une sincère conviction : l’architecture a cette capacité de mettre en relation. Ne pas s’étonner dès lors qu’à l’objet nombriliste, la recherche d’inédit et de spectaculaire à tout prix, il ne souscrive pas. L’architecture n’est pas une image, et c’est dans la compréhension des situations complexes, le réel, qu’il entend puiser la spécificité de chaque réponse.
La démarche doit donc synthétiser des problématiques souvent contradictoires dans des projets rationnels aux formes signifiantes et pérennes, localisés dans le temps et l’espace, en prise avec leurs milieux et leur histoire. Elle soulève des questions de permanence, d’intemporalité, d’ambivalence aussi par les niveaux de lecture dont l’architecture peut être chargée : « Évidente et sophistiquée, archaïque et savante, familière et singulière, brutaliste et domestique… » Le détail, son dessin et sa qualité d’exécution en sont une dimension essentielle. Loin d’être une résultante, ce travail du détail doit accompagner le processus de conception, lié au tout, de la constitution de l’espace à la valeur d’usage, de la matérialité à la forme. Cet examen lui fait dire aussi que le matériau ne peut être considéré comme un présupposé au projet. Ce qui importe est la manière dont on l’utilise, en cherchant toujours à minimiser l’effort qu’on demande à la matière. À cet égard, l’architecte se garde bien de prendre part au débat binaire bois/béton et aux questions dogmatiques qu’il soulève. Il s’attache pour sa part à hybrider les modes constructifs, en valorisant les matériaux bruts et en limitant le second œuvre autant que possible, à l’instar des locaux qu’il a réalisés dans un entrepôt dans la banlieue lyonnaise. Quant au béton, le principal enjeu est de ne plus en faire une consommation de masse, en avantageant les structures filigranes, ce qu’il s’emploie à mettre en œuvre dans une maison sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon.
Sa pratique enseignante du projet, axée sur l’acquisition des fondements théoriques et des cultures constructives, est en accord avec ce positionnement professionnel. Si la transmission lui tient à cœur, il a pris le temps de mettre de la distance avec ses propres années d’études et de mûrir une critique raisonnée, indispensable pour enseigner. Il aspire aussi à communiquer son inclination pour la rigueur et la précision de la représentation conventionnelle (plan, coupe…) et la liberté du dessin à la main, réprouvant cette idéologie permanente du progrès, incarnée par le BIM notamment. Avec cet outil, la culture du projet se perd ; paramétrer plutôt que dessiner, quel plaisir derrière tout ça ? Il préfère de loin le rouleau de calque et le carnet à dessin plutôt que l’écran, pour partager collectivement la narration du projet, et réfléchir aux effets précis que peut distiller l’architecture sur le très long terme.
La citation
« Il n’y a rien à inventer, tout est à réinventer ! » Luigi Snozzi, Vive la résistance, 2006.
Le projet : Locaux d'entreprise
Pour ces locaux glissés sous une moitié d’entrepôt, le budget drastique a dicté le choix du matériau, une brique alvéolaire basique badigeonnée de blanc. En revanche, Lucas Jollivet n’a pas fait l’économie du dessin de son appareillage. L’ensemble du projet est conçu à partir de ce module, sans recoupe. Ses dimensions ordonnent celles de la cellule type à la géométrie cubique, des ouvertures et de l’espacement entre les solives bois de la charpente. Les cellules s’agrègent entre elles dans un dispositif qui semble ludique et enfantin, pour loger le programme de cet entrepreneur multiactif, tout à la fois désamianteur, démolisseur et producteur de musique. La composition est cependant subtilement réglée sur la trame de la charpente métallique de l’entrepôt, partiellement mise à nu. L’alternance de pleins et de vides dégage des jardins qui tiennent à distance les zones de stockage de l’entrepôt, et des patios le long du mur mitoyen. Le rythme de ces dedans-dehors et le jeu des diagonales autour de l’enfilade centrale génèrent de profondes perspectives dans toutes les directions.
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Contact
Lucas Jollivet
18, rue Camille Roy 69007 Lyon
06 59 11 99 79@lucas_jollivet_architectures
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Fiche technique
Lieu : Décines-Charpieu (69)
Programme : Bureaux dans un entrepôt
Maîtrise d’ouvrage : Privée
Maîtrise d’œuvre : Lucas Jollivet
Budget : 350 000 € HT
Surface : 350 m2
Calendrier : 2014-2017