Giulia Pignocchi et Julien Truglas (nés en 1987) sont respectivement diplômés de la Sapienza Università di Roma (2014) et de l’École nationale d’architecture et du paysage de Lille (2016). Ils fondent le MA Paysage en 2014 à Lille. Leur atelier, à la fois SARL, association d’intérêt général et société agricole (depuis 2020), conjugue activité de maîtrise d’œuvre classique, actions de sensibilisation au paysage et conseil. Ils sont fondateurs également du collectif Lisière(s) qui a reçu le Trophée de l’engagement lillois 2018 pour un jardin écologique.
Le portrait
Giulia Pignocchi et Julien Truglas sont des nomades dans l’âme. Quand ils ne sont pas sur le terrain à organiser des chantiers participatifs avec les habitants, ils délocalisent leur activité au gré des commandes, qu’ils savent aussi se créer. L’une d’elles fait un peu rêver. Ils se sont rendus propriétaires, par l’intermédiaire de leur nouvelle société agricole, d’un bout de paysage dans une vallée de Sardaigne et projettent d’en faire un jardin laboratoire au service de la biodiversité locale, mêlant vie productive et culturelle.
Leur engagement dans ce métier revêt une dimension politique dans cette manière d’agir sur tous les fronts pour sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux du paysage et de la transition écologique. Leur activité hybride plusieurs modes opératoires : maîtrise d’oeuvre classique, médiation à travers l’organisation d’événements culturels — dont Les Ateliers de paysage, organisés à Lille en 2019 —, actions de sensibilisation auprès des usagers. Les deux paysagistes se sont rapidement rendu compte « qu’une des clefs de la transition écologique était de savoir faire du citoyen un acteur de l’évolution de nos paysages ». C’est en tissant des liens entre culture et nature qu’ils ouvrent la voie.
Leur investissement est sans limite pour mettre en partage la notion de paysage, transmettre connaissances et savoir-faire. En témoigne l’opération menée sur un délaissé à Lille au pied des fortifications Vauban. Intarissables sur cette aventure humaine, ils détaillent toutes les étapes qui ont concouru à faire de cette enclave une réserve de biodiversité sanctuarisée, et lui porter attention et soin. Pendant cinq ans, ils ont organisé à un rythme soutenu des rendez-vous culturels, des opérations de nettoyage, des commandos de plantations, installé des aménagements sur mesure… Créer de l’intelligence collective entre les habitants, les services techniques et les décideurs politiques, voilà ce qui les anime.
Leur démarche collective et conviviale intéresse d’autres collectivités. Ils entament un travail similaire à Chartrettes, en Seine-et-Marne, sur plusieurs sites publics, avec toujours cette idée de fédérer les synergies autour d’un projet. C’est du dialogue entre maîtrise d’usage et maîtrise d’ouvrage que peut émerger un langage commun ; de l’implication citoyenne que naît ce sentiment d’appartenance au cadre de vie. La mission relève de l’intérêt général.
Leur champ d’exploration s’élargit à des interventions artistiques à l’occasion de festivals. Pour celui de l’Estran, ils avaient conçu avec le public une installation d’origamis-oiseaux voltigeant sur le bolduc, face à l’océan. Tout aussi onirique, le jardin à Chaumont-sur-Loire réalisé en 2021 avec leur ami Alan Douchet interpelle sur la question du sol et l’entraide du vivant. Ils y exposent une métaphore de l’enchevêtrement du mycélium au système racinaire. Ces globe-trotters se sont choisi un idéogramme japonais, le MA, difficilement traduisible, mais qui peut s’entendre comme un intervalle spatial et temporel unificateur. Un mot seulement, pour décrire toutes les facettes de leur métier, tel qu’ils l’envisagent : faire société avec la nature.
La citation
« Le MA Paysage réinvestit les espaces délaissés à travers l’art des jardins, l’urbanisme écologique et la participation citoyenne. »
Le projet : Jardin écologique
Pour réinvestir un délaissé au pied des fortifications Vauban à Lille, l’atelier le Ma crée le collectif Lisière(s) avec tout un groupe de paysagistes et d’architectes. Très vite, il découvre la richesse des biotopes associés à la diversité des milieux (humides, ouverts et boisés). Ce travail d’inventaire à même le terrain se complète par des recherches touffues sur l’histoire du lieu. S’ensuivent alors des questionnements intenses sur les équilibres à établir entre sauvage et non sauvage sur cette frange de territoire si l’on veut en faire un laboratoire d’écologie urbaine manifeste. Avec les habitants.
La démarche est patrimoniale, pédagogique et culturelle. Rendez-vous festifs saisonniers, chantiers participatifs, ateliers pédagogiques, toutes ces actions ont réussi à fédérer une grande diversité d’acteurs. Parmi celles-ci, citons l’aménagement d’un théâtre, d’une cabane de jardinier, la restauration du mur de soutènement, le nettoyage du site et son jardinage, le débitage de bois in situ à la gruminette… Depuis 2020, la gestion est transmise aux habitants et à leur association. Ils se sont attachés au lieu et s’impliquent grâce à toutes ces initiatives.
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Contact
le MA Paysage
68, rue Saint-Étienne Lille 59000
06 74 46 20 22atelier@mapaysage.com
@lemapaysage
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Fiche technique
Lieu : Lille (59)
Programme : Création d’un lieu de culture et d’écologie urbaine avec les habitants
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Lille
Maîtrise d’œuvre : le Ma Paysage avec l’association Lisière(s) (mandataires) ; Ville de Lille
Budget : 500 000 € HT
Surface : 2,5 ha
Calendrier : 2015-2020