Henri Sauvage est décédé le 21 mars 1932, il y a 90 ans. La carrière de cet architecte a traversé l’art nouveau, puis l’art déco et malgré son décès prématuré à 58 ans, il a laissé une trace importante dans l’architecture du début du XXe siècle. Ses immeubles parisiens, des habitations à bon marché aux logements luxueux ont eu un impact sur les générations d’architectes suivantes. Son dernier projet, les magasins Decré à Nantes constituent l’aboutissement de sa carrière et de son art.
En 1867, Jules-César Decré ouvre un bazar à son nom à Nantes. En un demi-siècle, le magasin prospère et s’étend dans les immeubles environnant, devenant un des plus grands d’Europe et au début des années 30, le besoin d’un bâtiment neuf et adapté au commerce se fait ressentir. La famille Decré, toujours propriétaire de l’enseigne, fait appel à Henri Sauvage.
L’architecte de la Samaritaine (collaboration avec Frantz Jourdain) maîtrise en effet une nouvelle technique de construction par usinage et ce mode de construction permet la construction du magasin en trois mois ! La Construction moderne publie d’ailleurs une tribune d’Henri Sauvage en faveur de ce mode de construction à la suite de l’article sur les magasins. Une autre technique récente est utilisée pour les fondations : les pieux comprimés Froté que l’article de l’Architecture d’Aujourd’hui présente en détail.
Le bâtiment est conçu de façon ingénieuse, avec notamment un rez-de-chaussée plus petit que les étages afin d’agrandir le trottoir étroit et permettre aux passants de regarder les vitrines. Les façades vitrées sont ainsi en porte-à-faux et apporte de la légèreté au bâtiment. La question des vitres et de leur nettoyage est d’ailleurs sérieusement étudiée par Henri Sauvage qui prévoit une nacelle se dépliant et se déplaçant grâce à un chariot sur rails !
Le magasin de six étages comprend des espaces de vente, mais aussi un restaurant, un bar de restauration rapide, les bureaux de l’entreprise et même un cinéma de 300 places.
Malheureusement détruit pendant la Seconde Guerre Mondiale, un magasin est reconstruit au même emplacement en 1951 pour la famille Decré. Les architectes avaient collaboré avec Henri Sauvage lors de la construction du premier magasin. Louis-Marie Charpentier, beau-frère de Sauvage, Charles Friesé et sa femme Victoire Durand-Gasselin créent malgré tout un nouveau bâtiment très différent du premier. Les archives de Louis-Marie Charpentier et Charles Friesé sont conservées au Centre d'archives d’architecture contemporaine.
Les photos des deux revues donnent une idée de la modernité du magasin et de l’ingéniosité des solutions trouvées par Henri Sauvage pour répondre aux multiples contraintes du projet.
"Grands magasins Decré à Nantes", L'Architecture d'Aujourd'hui, n°8, 1931, pages 37 - 45
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"Les grands magasins Decré à Nante", La Construction moderne, n°17, 1932, pages 262 - 273
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La Construction moderne
Editeur : Planat, Paul ; Dujardin et Cie
Date d'édition : 1885-1939 ; 1945 - ....
Périodicité : hebdomadaire
Années numérisées : 1885-1945
« Fondé par l’ingénieur Paul Planat (1839-1911), ancien collaborateur de César Daly à la Revue Générale de l’architecture et à la Semaine des constructeurs, cet hebdomadaire est jusqu’en 1914 à la fois une tribune de l’éclectisme, animée par la volonté critique de Planat, et un important support d’informations professionnelles. Entre les deux guerres, la revue publie les concours de l’Ecole des beaux-arts, relate la vie des sociétés d’architectes et consacre une rubrique régulière à la reconstruction. Elle privilégie les rationalistes structurels et les modernistes classiques, et marque une réserve critique envers les réalisations du Mouvement moderne, présentées seulement à partir de 1928-1929. Après 1945, elle se limite au génie civil et aux techniques constructives. Elle est depuis 1975 publiée par le Centre d’information de l’industrie cimentière » (Source : Dictionnaire de l’architecture du XXe siècle / sous la dir. de Jean-Paul Midant.- Paris : Hazan ; Institut français d’architecture, 1996).
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L'Architecture d'Aujourd'hui
Editeur : L’Architecture d’aujourd’hui
Date d'édition : 1930-1940 ; 1945-2008 ; 2009 - ....
Périodicité : bimestrielle
Années numérisées : 1930-1940 ; 1945-1951
« Fondée en 1930 par M. E. Cahen, L’Architecture d’aujourd’hui est dirigée jusqu’en 1966 par André Bloc. Rédigée par de jeunes architectes dont plusieurs – Pierre Vago, Georges-Henri Pingusson, Laurent Beaudoin et Sonrel – ne tardent pas à devenir des praticiens en vue, elle s’adjoint les plumes de Berthold Lubetkin et de Julius Posener et fait paraître des articles signés Le Corbusier, Michel Roux-Spitz, Robert Mallet-Stevens, Alfred Agache. Son comité de rédaction, savant mélange de modernes et d’éclectiques, réunit Francis et Frantz Jourdain, Auguste Perret, Henri Sauvage, Rob Mallet-Stevens, Roux-Sptiz, Agache, André Lurçat, Raymond Fisher et Gabriel Guévrékian. D’esprit plutôt moderne, la revue publie par deux fois un texte de Franz Jourdain, « Evoluer ou périr », qui prend valeur de manifeste mais adopte par la voix de Pierre Vago, une attitude réservée à l’égard de Le Corbusier. Didactique elle accorde une grande place à la technique, organise des voyages d’études à l’étranger, des concours et des expositions » (Source : Dictionnaire de l’architecture du XXe siècle / sous la dir. de Jean-Paul Midant.- Paris : Hazan ; Institut français d’architecture, 1996).