Le portrait
Impossible de présenter l’un sans évoquer l’autre. Quatre années les séparent, pourtant Grégory et Florent Morisseau sont jumeaux. Un week-end de 1993 lie les deux frères à l’école du paysage de Blois : à l’inauguration de l’établissement, ils découvrent les possibles professionnels de leur curiosité d’enfant pour la nature. La transversalité du regard du paysagiste, où se mêlent rigueur scientifique, posture artistique et savoir technique, les fascine. Grégory intègre l’école au moment où Florent en sort diplômé. Après s’être formés chez des aînés (Jacqueline Osty et Péna Paysages pour Florent, l’Atelier de l’île - Bernard Cavalié pour Grégory), ils se retrouvent en 2010 pour écrire leurs propres histoires. Ils conçoivent le « potager embarqué », parcelles maraîchères flottantes dans les hortillonnages d’Amiens. L’installation est toujours en place, les terres retrouvent leur vocation nourricière, les légumes s’enracinent dans le quartier. Les bases de Chorème sont posées : leurs actions seront toujours dotées d’une profondeur de sens. « Il y a une poésie dans la mise en récit du paysage, c’est aux paysagistes de la faire émerger en se détachant d’un regard trop scientifique », soutiennent les deux. Assumer la part créative de leur travail est un enjeu de posture pour se distinguer des autres points de vue (géographique, sociologique, écologique, etc.) qui nourrissent les projets. « Sentinelles du territoire », Grégory et Florent s’attribuent une mission : défendre le paysage comme concept opératoire relevant d’une subjectivité personnelle autant que d’une sensibilité collective. Ce sont d’ailleurs ces « situations intellectuelles » que stimulent les territoires qui les passionnent, ces entrelacs de perceptions où leur capacité à projeter est complémentaire des autres sciences. Parce que bien qu’ils admirent les peintres naturalistes Robert Hainard et Jacques Rime, Grégory et Florent revendiquent une fabrique du paysage porteuse d’enjeux économiques et sociaux profonds. Ils militent pour une « planification prospective », c’est-à-dire la capacité à voir au-delà des dix prochaines années, à s’autoriser l’utopie. Cette manière d’énoncer d’autres paradigmes pour libérer le projet, d’admettre au préalable que les choses peuvent être différentes demain, Grégory l’a conceptualisée dans la recherche. Sa thèse de doctorat interroge l’avenir du littoral face à la hausse du niveau de la mer et la construction d’une vision de l’aléa, non plus comme seul danger, mais comme outil de conception. Aujourd’hui, Chorème s’exerce au grand paysage autant qu’aux interventions éphémères, zoome et dézoome du 1/50 000e à la bordure de trottoir. Une gymnastique du regard nécessaire à cette planification prospective qui scelle les constructions physiques et symboliques du territoire. Qui le transforme en paysage.
Grégory Morisseau (1983) et Florent Morisseau (1979) sont diplômés de l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois en 2006 et 2002. Grégory est également docteur en géographie. Ils fondent Chorème en 2014.
La citation
“Le paysagiste est un créateur qui veut refaire le monde. Le projet est son outil.”
Le projet : Entrée de bourg
Au cœur du Val de Loire, le village de Marçay possède un patrimoine de qualité qu’il faut mettre en valeur par un aménagement des espaces publics cohérent. L’intervention sur les entrées du bourg doit retisser des liens plus fluides avec la campagne environnante. De même que le projet de paysage doit permettre de nouveaux usages (pique-nique, poses, jeux) dans des lieux de vie conviviaux et apaisés. L’entrée ouest est transformée en espace de stationnement qualitatif, propice à la halte et à la détente. Le végétal cadre des vues sur Marçay et accompagne l’approche piétonne du centre-bourg. Une fois la voiture posée dans ce qui prend la forme d’un verger d’amandiers, une allée conduit à l’entrée du village. Des noues plantées et des chambres structurent le reste de l’espace, finalement principalement végétal. Les abords du parking sont traités en un talus planté, façade verte qui assure sa lisibilité en même temps que sa mise à distance par rapport aux parcelles agricoles voisines.
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Contact
Chorème
16 Passage de la Bonne Graine
75011 Paris
06 07 12 77 61
06 76 97 65 13
contact@choreme.fr -
Fiche technique
Lieu : Marçay (37)
Programme : aménagement des espaces publics du bourg et des entrées de ville
Client : mairie/ville de Marçay
Équipe : bureau d’études A2i (mandataire), Chorème
Budget : 320 000 € HT
Surface : 9 000 m2
Livraison : 2018