Benoît Barnoud (né en 1986) et Clara Loukkal (née en 1991) sont diplômés de l’École nationale supérieure du paysage de Versailles en 2013 et 2018. Benoît Barnoud est également architecte, diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles en 2008, et Clara Loukkal est urbaniste, diplômée de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ils fondent Altitude 35 en 2017 et sont lauréats du concours Europan en 2015 (Europan 13), 2017 (Europan 14) et 2019 (Europan 15). Benoît Barnoud enseigne à l’ENSP de Versailles depuis 2016. Clara Loukkal enseigne à Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2019 et à l’ENSAVT.
Le portrait
« Le projet de paysage ne doit plus être considéré comme un simple ornement en bout de chaîne dans la construction des territoires, un faire-valoir ou pire, un argument de communication. » Altitude 35 défend avec fermeté sa dimension structurante et systémique, laquelle prend plus d’acuité encore à l’aune de la triple transition, écologique, climatique et énergétique. À la croisée de nombreux champs disciplinaires, il a cette faculté de les synthétiser dans des approches multiscalaires et transversales, qui prêtent attention aux équilibres naturels, aux dynamiques du vivant, au socle géographique…
La force de Clara Loukkal et Benoît Barnoud est justement d’additionner à eux deux plusieurs compétences : urbaniste, architecte et paysagiste dans un pays où l’on continue de cloisonner les disciplines, suscitant tensions et incompréhensions. La formation universitaire de Clara Loukkal lui a aussi donné les cartes pour avoir une vision complète des acteurs et des processus de production. Observant la disjonction qui s’opère souvent entre l’ambition impulsée dans les études territoriales et le passage à l’acte lacunaire, elle insiste sur la nécessité de s’emparer des sujets le plus en amont possible et faire en sorte que le paysage devienne une matrice du développement urbain.
Face à l’uniformisation des villes et des territoires, Altitude 35 convoque la géographie pour faire éclore des projets situés. Dans le campus de Besançon, ce sont les strates géologiques et végétales qui déterminent le vocabulaire de sa rénovation. Influencés sans doute par leurs expériences respectives chez Michel Desvigne et TER, les deux paysagistes s’attachent aussi aux tracés et à leur persistance dans la ville, évoquant les compositions urbaines de J.C.N. Forestier et F.L. Olmsted, sans parler d’André Le Nôtre, « terriblement moderne ». Ils n’hésitent pas d’ailleurs à se définir comme des « paysagistes à l’ancienne » dans leur façon d’appréhender le projet. Celle-ci leur semble aller à contre-courant d’une manière de penser et de faire actuelle dont ils cernent certains effets pervers, notamment l’hypertrophie du jeu d’acteurs à travers la coconstruction, qui entraîne la perte de vitesse, voire l’abandon du dessin au détriment de la fabrication du projet. Le paysagiste s’en tient alors à un rôle de médiateur. Ils dénoncent aussi cette tendance à réduire l’espace public aux usages qui conduit à une sur-programmation, et précipite son obsolescence. À l’inverse, leur ligne consiste à rendre cet espace public polyvalent pour gagner en souplesse et faciliter son évolution. Enfin, ils pointent l’engouement pour l’urbanisme tactique qui, en mobilisant beaucoup d’énergie et d’investissement à court terme, tend à occulter la réflexion de l’aménagement sur le temps long.
Les formations d’architecte et d’urbaniste de chacun stimulent la confrontation des points de vue. Ils apprécient ces débats nourriciers, parfois conflictuels, où ils manipulent les termes de la commande, reformulent les enjeux, décloisonnent les périmètres. Une méthode qui leur a plutôt réussi si l’on en juge le triplé gagnant du concours Europan. Le monde de la maîtrise d’ouvrage peut leur ouvrir les bras, en toute confiance.
La citation
« Le grand ouvrier de la Nature est le temps qui n’agit pas par sauts mais par nuances. » Buffon, Histoire naturelle
Le projet : Campus parc
À la suite du concours Europan 14, Altitude 35 se voit confier une étude urbaine et paysagère sur le campus de la Bouloie-Temis à Besançon, puis l’aménagement des espaces publics et la mission d’urbaniste coordonnateur. Les spécificités du relief karstique et du grand paysage constituent le socle d’une réflexion qui transcende les périmètres administratifs pour ancrer ce site, fonctionnant en vase clos, dans son échelle territoriale. Le projet valorise les horizons sur le Jura, retisse des liens avec les quartiers adjacents et la technopole. Il vise aussi à inclure le campus dans le prolongement physique, biologique et paysager de la couronne forestière qui ceinture la ville, en renforçant l’étagement des essences endogènes. Le campus retrouve un centre névralgique autour d’une place scindée par une voie, mais rendue unitaire par des effets optiques. Les continuités piétonnes et paysagères, sauvages et naturalistes, invitent à une sociabilité entre les différentes UFR du campus ; les espaces publics, grignotés par les stationnements, deviennent lisibles et mettent en scène les bâtiments, pour certains labellisés « patrimoine du XXe siècle ». La diversité des écosystèmes du campus est mise à profit pour accueillir le jardin botanique de la ville.
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Contact
Altitude 35
30, rue Gabriel Péri 93200 Saint-Denis
06 83 37 46 12 / 06 24 26 36 92contact@altitude35.com
www.altitude35.com@altitude_35
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Fiche pratique
Lieu : Besançon (25)
Programme : Étude urbaine et paysagère et plan guide des espaces publics (1re mission) suivis de leur maîtrise d’œuvre complète des espaces publics (2e mission)
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Besançon, Grand Besançon Métropole ; SPL Territoire 25 (maîtrise d’ouvrage déléguée plan guide)
Maîtrise d’œuvre : Altitude 35 (mandataire) ; Pierre Veltz, Alphaville, RR&A, Monono, Eco Prog (1re mission) – Cap Vert, Sol &co (2e mission)
Budget : 7 830 000 € HT (travaux)
Surface : 240 ha
Calendrier : 2017 (concours), 2018-2019 (études), 2022-2023 (chantier et livraison)