Le mythe du Castor marocain. L’architecture (post-) coloniale et la recherche du moindre coût
La mémoire en œuvre. Recherche et archives d’architecture
Dans le cycle "La mémoire en œuvre", le Centre d’archives d’architecture invite des doctorant-e-s ou de jeunes docteurs, au terme de leur recherche, à montrer comment l’architecture et les architectes émergent à partir du travail sur les archives.
Encourageant le recours à l’auto construction pour accéder à un logement décent, les mouvements coopératifs Castor apparurent en France dans le contexte de la reconstruction après 1945. Le modèle du Castor ne concerna néanmoins pas seulement la France métropolitaine, il s’exporta également dans l’espace colonial et en particulier au Maroc dès le début des années 1950. Après l’indépendance (1956), le mythe hérité du protectorat, d’un Marocain « naturellement » auto constructeur, fut remobilisé et servit à définir des technologies de crise voulues adaptées aux pays « en voie de développement ».
À partir d’une recherche de thèse en cours menée sur les archives du CERF (Centre d’Expérimentation, de Recherche et de Formation, au sein de l’État marocain actif entre 1967 et 1973), et sur les activités du PAM au Maroc (Programme Alimentaire Mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), la présentation portera sur les différents types de recours au principe « d’auto construction assistée » et des discours qui y ont été associées dans les premières années d’indépendance au Maroc en les remettant dans la perspective plus large des politiques coloniales puis postcoloniales du logement social et de l’habitat d’urgence1.
1.Voir la publication à venir : Clark, Ben. “Le mythe du Castor marocain. Pratiques et discours de l’auto construction assistée au Maroc (années 1950-1960)”, Monde(s), n°25, juin 2024, p.111-136.
Ben Clark est architecte et doctorant à l'École d'architecture La Cambre-Horta de l’Université libre de Bruxelles (ULB), dans le centre de recherche HABITER et le laboratoire Hortence (https://hortence.com/user/bclark/). Titulaire d'un master en architecture et d'un master de spécialisation en sociologie-anthropologie, il est désormais boursier FNRS-FRESH (Fonds pour la recherche scientifique en sciences humaines, Belgique). Sa recherche doctorale (sous la direction du professeur Axel Fisher) porte sur l'histoire de l’auto construction assistée et de l'architecture du ”tiers-mondiste" au Maroc, à partir de la reconstitution et de l'analyse des archives du CERF : le Centre d'Expérimentation, de Recherche et de Formation, un centre d'études actif au Maroc entre 1967 et 1973. Ben Clark est également cofondateur du RHAM, le Réseau de recherche sur l'histoire de l'architecture au Maroc aux XX-XXIe siècles (https://rham.hypotheses.org/).