Les célébrations commémorant l’armistice du 11 novembre 1918 sont l'occasion d'évoquer, à travers le projet primé de l’architecte Paul Bigot (1870-1942), le concours d’architecture organisé pour la construction de l’ossuaire de Douaumont au début des années 1920.
C’est au lendemain de la Première Guerre mondiale et à l’initiative de Monseigneur Charles Ginisty, évêque de Verdun, que germe l’idée de concevoir un sanctuaire dédié au souvenir des soldats tombés sur le champ de bataille de Verdun en 1916. L’étendue choisie pour accueillir un tel monument domine la vallée de la Meuse en surplomb du théâtre des combats et est stratégiquement placée entre deux ouvrages militaires, le fort de Douaumont et le fortin de Thiaumont.
Bien que les deux premières pierres de l’édifice futur aient été posées en 1920, il fallut attendre deux ans de plus pour que soit lancé un concours d’architecture. Ce dernier consacre l’importance du recueillement et de la prière plutôt que la victoire et la gloire des vainqueurs. Il prévoit ainsi la construction d’un ossuaire destiné à abriter les dépouilles qui n’ont pu être identifiées, une vaste chapelle catholique et un ensemble de trois édifices cultuels évoquant la mémoire des combattants israélites, musulmans et protestants. En 1923, à l’issue de la compétition, cinq projets « répondant à la grandeur de l’idée à exprimer » selon les observations de La Construction moderne sont départagés par un jury réuni à l’Hôtel des Invalides et présidé par l’un des acteurs de la Grande Guerre, souvent présenté comme le sauveur de Verdun, le maréchal Pétain.
Si l’équipe associant Léon Azéma, Max Edrei et Jacques Hardy l’emporte finalement, la proposition de Paul Bigot, qui est présentée ici, obtient le troisième prix. Le projet de ce dernier se distingue toutefois par sa nouveauté et la capacité de l’ancien pensionnaire de la Villa Médicis à réinterpréter des thèmes antiques. Il livre une composition affirmée dont l’organisation repose sur le déploiement d’une grande allée centrale aux deux extrémités de laquelle sont disposés d’un côté le sanctuaire principal, à la fois basilique et lanterne des morts, et de l’autre les trois édifices cultuels secondaires. Une multitude de petits édicules identiques formant un ossuaire en plein air sont disposés symétriquement le long de cet axe qui fait figure de véritable voie sacrée.