Partir à la campagne en Chine, des années 1950 à aujourd’hui
Captation de la discussion qui s'est tenue le 25 mai 2023
En Occident, les photos en noir et blanc d’une Chine rurale aux paysages soignés ont attisé un imaginaire romantique, où les valeurs de frugalité, d’authenticité illustrent les revues des voyagistes. Le cinéma, la littérature contemporaine, les études sociales en montrent des images bien plus contrastées. Être un « rural » correspond à un statut social et administratif, conditionné par un véritable plafond de verre, limitant les accès aux services de soin, à l’enseignement et au logement. Sous-jacentes, les questions de l’emploi, de l’autosuffisance alimentaire, sont au cœur des problématiques dès le début des années 1950. Environ 20 millions de « jeunes instruits » ont été envoyés à la campagne pendant la période maoïste, de 1953 à 1980. Sans équivalent par son ampleur dans l’histoire humaine moderne, cette migration vers les campagnes a marqué les générations. Elle a laissé des traces profondes dans les relations entre urbains et ruraux et un héritage difficile à aborder même au sein des familles. Au début du XXIe siècle, le développement du tourisme et des mobilités intérieures, l’allongement des congés payés, suscitent un intérêt nouveau pour la campagne, ses savoir-faire et ses traditions. C’est dans ce cadre complexe que les premiers ateliers croisés avec des étudiants de Chine et de France, portant sur l’étude, l’analyse et la mise en valeur des patrimoines, historiques, culturels, et immatériels commencent à se développer. Comment décrypter les relations entre monde urbain et monde rural dans ces interactions, ces perceptions parfois paradoxales ?