#CitéDeLArchiChezVous
Les frères Perret et la Sainte-Chapelle du béton armé
Ce 30 avril 2022 marque le centième anniversaire de la pose de la première pierre d’un édifice en réalité en béton armé. Notre-Dame du Raincy des frères Perret est en effet la première église française construite entièrement avec ce matériau.
Le curé du Raincy, l’abbé Félix Nègre, souhaite édifier sur sa paroisse une église pour commémorer le départ en 1914 des taxis de la Marne, qui emmenèrent des renforts de soldats vers le front. Disposant d’un budget très limité, il choisit Auguste et Gustave Perret, spécialistes du béton armé, un matériau qui permet une construction à frais réduits. L’église est bâtie en quelques mois, puisqu’elle est inaugurée et consacrée en juin 1923. Dès la fin du chantier, sa nouveauté fait grand bruit dans le monde de la construction. Un article publié par la revue l’Architecture en 1924 reflète une partie de l’opinion des architectes et observateurs de l’époque.
L'Architecte, n°2, 1924, Fig. 14 Plans des fondations et sous-sol ; rez-de-chaussée et voûtes
L'Architecte, n°2, 1924, Pl. 10 Nef
L’article décrit dans le détail cette église au plan classique, avec une nef centrale et des bas-côtés, des colonnes qui supportent des voûtes et de grandes verrières avec des vitraux. L’auteur, A. Louvet, souligne la composition efficace, la simplicité logique du plan et la structure intéressante du bâtiment. Il compare également les grandes verrières et les colonnes fines aux chefs-d’œuvre du XIIIe siècle tels que la Sainte-Chapelle.
La Construction moderne, n°9, 1924, Pl. 85 Eglise Notre-Dame du Raincy
L'Architecture vivante, Automne-Hiver, 1923, Pl. 2 Coupe transversale
Cependant, il regrette le manque d’esthétisme causé par des formes très simples, l’absence de décor et de relief qui ne créent pas suffisamment de jeux d’ombre et de lumière. Il explique que pour lui « MM. Perret ont […] trop employé le béton armé comme un but tandis qu’il ne devrait rester qu’un moyen. » Sa résistance à l’emploi de ce matériau sans revêtement ne l’empêche tout de même pas de s’enthousiasmer face à un renouveau de l’art religieux. Il considère que ce renouvellement parvient à conserver un sentiment religieux intact et à respecter une certaine forme de tradition.
L'Architecte, n°2, 1924, Fig. 15 L'abside
L’église Notre-Dame du Raincy est un vrai jalon de l’architecture moderne et sert de modèle à de très nombreuses autres églises. Elle est classée Monument Historique dès 1966, une vraie reconnaissance pour un bâtiment qui s’abîme déjà pourtant et qui bénéficie de plusieurs campagnes de restauration dans les années 1980 et 1990.
L'Architecture vivante, Automne-Hiver, 1923, Pl. 12
La Construction moderne, n°9, 1924, Pl. 88
L'Architecture vivante, Automne-Hiver, 1923, Pl. 6
L'Architecture vivante, Automne-Hiver, 1923, Pl. 9
L'Architecte, n°2, 1924, Pl. 10
L'Architecte, n°2, 1924, Pl. 12
La Construction moderne, n°9, 1924, Pl. 85
L'Architecture vivante, Automne-Hiver, 1923, Pl. 13
L'Architecture vivante, Automne-Hiver, 1923, Pl. 1
L'Architecture vivante, Automne-Hiver, 1923, Pl. 7-8
L'Architecture vivante, Automne-Hiver, 1923, Pl. 2 Coupe transversale
« Les églises modernes, L'église Notre-Dame du Raincy par MM. Perret frères, constructeurs », L'Architecture, n°19, 1924, pages 263-270
-
L'Architecture
Editeur : Société des architectes diplômés par le gouvernement, Librairie centrale des Beaux-Arts
Date d'édition : 1906-1935 (interruption de publication de 1915 à 1923 inclus)
Périodicité : mensuelle
Années numérisées : revue complète
« De 1906 à 1914, sous l’égide d’un comité de direction proche de la Société des architectes diplômés par le gouvernement (SADG), L’Architecte se fonde sur le modèle de la Revue générale de l’architecture, offrant tant des rubriques professionnelles que des relevés archéologiques sur de luxueuses planches hors-texte. Dans l’architecture française, elle opère un dosage équilibré entre rationalisme structurel et tendances éclectiques et décoratives. Pol Abraham, rédacteur en chef en 1924, y pratique une ouverture aussi brève que radicale sur l’architecture rationaliste européenne. Conduite ensuite par Michel Roux-Spitz, la revue propose une large sélection de la production française et étrangère, tout en observant une prudente distance vis-à-vis des chefs de file des « modernes » (Source : Dictionnaire de l’architecture du XXe siècle / sous la dir. de Jean-Paul Midant.- Paris : Hazan ; Institut français d’architecture, 1996).
