Julien Gougeat (né en 1987) est diplômé de l’École nationale d’architecture de Paris-La Villette en 2011. Il fonde Julien Gougeat Architecture en 2015. Il est enseignant contractuel dans les Ensa de Strasbourg et de Paris-Val de Seine et secrétaire général de la SFA depuis 2019. Il a été finaliste de la première édition des Trophées Béton et de concours internationaux (appel à projets urbains innovants Parisculteurs, AC-CA, AWR).
Le portrait
Dans les propos de Julien Gougeat, il est beaucoup question de temps et de mises en perspective. Avec un recul critique, l’architecte refuse de céder aux injonctions à l’innovation et à la nouveauté, aux flux d’images et autres gimmicks du jour, ou encore à l’hypermédiatisation des questions écologiques qui sont pourtant une évidence… Il préfère pour sa part « déposer du temps ». Une expression qui exprime en creux son refus de souscrire à la fascination béate et au piège de la réplique, pour mieux insister sur la responsabilité de l’architecte vis-à-vis du paysage et des générations futures. « Le temps fonde l’éthique de travail autant qu’il façonne les espaces de projets. »
Le compagnonnage des livres, littérature ou architecture, tient un rôle important dans la vie de l’architecte. S’il se prête à citer quelques figures héroïques de la modernité, il n’y recherche pas pour autant un support doctrinaire. Il a dernièrement redécouvert la pensée de femmes architectes comme Renée Gailhoustet ou Édith Girard, qui ont contribué à renouveler le logement dans une liberté qu’il importe de reconsidérer à l’aune de l’assouplissement réglementaire et de cette crise sanitaire. Pour les jeunes architectes, dit-il, le premier devoir consiste à dresser un état des lieux sur la production du logement pour activer le débat en y mettant un peu d’utopie et en délaissant les ego. La question de la façade, souvent revêtue de matériaux ineptes sous la pression d’une commande qui se privatise, retient particulièrement son attention. Sa réappropriation par la ville ne serait-elle pas un moyen de garantir sa pérennité et son urbanité, une qualité d’usages pour les habitants, de reprendre la main sur le paysage urbain ?
Comme tant d’autres, sa pratique quotidienne a commencé avec des commandes par le réseau et des concours d’idées. S’il s’est lancé en solo, il s’engage régulièrement dans des collaborations ponctuelles. Les missions d’assistance à maîtrise d’ouvrage avec Earnest constituent un autre volant de son activité, qu’il perçoit comme une matrice où l’on peut tordre le programme, les usages ou trouver des marges de manœuvre pour dégager des espaces en plus qualifiés.
Dans la temporalité qu’a choisie Julien Gougeat, le dessin à main levée est un outil indissociable de la pratique. Il accompagne le travail de mémorisation et d’analyse, alimente la maturation du projet. Pour la commande d’une maison à Verdon, ses carnets de dessin sont le seul medium convoqué. En montrant des perspectives 3D, constate-t-il, l’architecte se bride et donne l’impression que tout est sous contrôle. Le dessin à la main est à l’inverse une façon de ne pas figer la pensée, d’inviter le client à rentrer dans son imaginaire et de s’acclimater mutuellement. Julien Gougeat s’applique alors à produire ces esquisses, à remuer cette science de la coupe et du plan pour « excéder » les attentes en se concentrant sur la recherche de proportions justes et d’équilibre, de dépouillement et de sens. Sans jamais consentir à être actuel.
La citation
« Je suis un artisan du projet architectural. J’ai construit un lieu où j’ai les moyens d’agir quotidiennement dans ma production, avec du temps consacré au projet. »
Le projet : Maisons couplées
Dans cette commune balnéaire constellée de zones pavillonnaires, les règles d’urbanisme n’offrent pas la possibilité de construire la résidence secondaire envisagée par le promoteur. Ce revers amène Julien Gougeat à proposer une configuration intermédiaire, plus vertueuse que le pavillon individuel vis-à-vis de l’étalement urbain : des maisons en bande et en peigne. L’implantation les place sur une ligne du terrain qui offre le double bénéfice d’une vue sur mer et de surfaces plantées optimisées, dont une prairie partagée. Dans cette recherche typologique, l’architecte s’inspire de la villa au sens étymologique du terme : prolongements extérieurs généreux et qualifiés (murets, portiques de béton), orientations optimums, vues rapprochées et lointaines. Les maisons sont couplées deux à deux dans un plan qui soigne les espaces intermédiaires (auvents, terrasses à l’étage), rend possible l’évolution des garages en pièces en plus et cadre les vues par les grands formats des baies vitrées. Elles sont enveloppées d’une brique travaillée dans son épaisseur et ses découpes pour affirmer la minéralité de la construction, garantir aussi la dignité et la pérennité de cette opération réalisée avec un budget modeste.
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Contact
Julien Gougeat Architecture
9, rue Feutrier 75018 Paris
06 95 58 17 90agence@juliengougeatarchitecture.com
www.juliengougeatarchitecture.com@juliengougeatarchitecture
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Fiche technique
Lieu : Wimereux (62)
Programme : Construction de huit maisons individuelles couplées
Maîtrise d’ouvrage : Pégase développement
Maîtrise d’œuvre : Julien Gougeat Architecture
Budget : 2 100 000 € HT
Surface : 1 200 m2 SDP
Calendrier : 2021 (études)