David Dottelonde (né en 1988) et Wandrille Marchais (né en 1986) sont diplômés de l’École nationale supérieure de Paris-Val de Seine en 2012. Ils créent l’Atelier Senzu en 2015. Ils sont lauréats de l’appel à projets urbain FAIRE 2020 organisé par le Pavillon de l’Arsenal, et du prix européen Future Architecture en 2021.
Le portrait
« Notre génération doit être celle de la régénération. » Pour David Dottelonde et Wandrille Marchais, la réhabilitation n’est pas un sous-genre de l’architecture. Ils en ont fait leur cheval de Troie, avec cette obsession de lutter contre les standards et le cadre normatif de la construction qui naît de la page blanche. Composer avec la richesse du « déjà-là », c’est faire émerger des solutions sur mesure, inédites en termes d’usages et d’esthétique, de sensations et de poésie, qui rendent le projet unique. C’est aussi un moyen efficace de répondre au sujet préoccupant de la contraction des ressources. Les deux architectes en actionnent aujourd’hui les multiples leviers : rénovation thermique (un enjeu social), transformation d’usage, remise au jour de méthodes constructives écartées de la modernité occidentale…
Pour ces deux passionnés d’histoire, la réinterprétation de l’héritage architectural doit s’appréhender sous toutes ses facettes. Ils mènent actuellement une recherche sur le lien entre architecture et enseignement au cours des siècles, dans la continuité de leur proposition pour l’appel à idées FAIRE 2020. Partant du constat que l’école est encore calquée sur le modèle de Jules Ferry alors que les pédagogies ont évolué, ils ont conçu le prototype d’une salle de classe en plein air abritée. Inspirée des forest schools, elle se plie à la densité des milieux urbains par ses différentes configurations. Mais ils entendent aller plus loin dans la démonstration car l’architecture peut susciter une nouvelle forme d’enseignement.
Encore étudiants, ils se sont choisi le nom d’un haricot magique, Senzu, tiré d’un célèbre manga. Réparer, soigner, apaiser, n’est-ce pas le rôle qu’ils entendent se donner ? Chaque projet doit être une fabrication collective épuisant toutes les options. Il faut alors être en mesure d’argumenter, raison pour laquelle ils démultiplient les variantes en maquettes et dessins. Pour éprouver la validité du petit pavillon scolaire réalisé dans le 20e arrondissement à Paris, ils ont réalisé pas moins d’une centaine de versions. La démarche incrémentielle, inspirée d’une expérience chez BIG à New York, où David Dottelonde a travaillé trois ans, invite aussi à se prémunir des intuitions ou idées préconçues. Ils leur opposent un travail d’investigation documenté et un raisonnement logique, une manière de tenir à distance « le geste de l’architecte ».
Ce processus créatif appelle les deux architectes à s’entourer de photographes, historiens, graphistes et philosophes, pour enrichir le projet de leur vision ou expertise. Il leur intime aussi d’aller à la rencontre de tous les acteurs de la construction, de l’industriel à l’artisan, pour mettre en œuvre des expérimentations matérielles qui se substituent à celles qui sont énergivores et polluantes. L’expérience du chantier acquise par Wandrille Marchais, notamment chez ECDM, a affermi ce contact avec eux. Au sein de l’Atelier Senzu, la réflexion doit toujours être en mouvement mais sous-tendue à cette idée fixe : réinventer la réhabilitation.
La citation
« Régénérer par la réhabilitation est une opportunité, un enjeu polysémique, théorique et pratique, qui impose et sublime l’évolution des standards architecturaux. »
Le projet : Pavillon Le Vau
Ce petit pavillon a vocation à maintenir le lien entre l’institution scolaire et la population d’un quartier populaire parisien, démarche amorcée avec l’aménagement d’un potager pédagogique. Il accueille un atelier d’éducation à la nature, le café des parents ou des réunions. Dans cet esprit, le choix de la forme ronde ouverte de tous côtés favorise le rassemblement « sans premier, ni dernier rang ». Évoquant un chapiteau ou une hutte, sa construction renoue avec la technique ancestrale du pisé structurel, réalisée à partir de terres excavées de l’Oise. L’enveloppe garantit un climat intérieur quasi constant avec la paroi interne en terre cuite. La position de cette dernière, décentrée dans le cercle, dissimule les espaces servants tout en préservant la volumétrie intérieure. Coiffé d’un oculus et d’une charpente de bois acoustique en caissons, le pavillon est surmonté d’une toiture en zinc qui déborde en auvent sur le pourtour. Sa rive ondulante, telle une collerette, évoque l’univers de l’enfance ou les marquises du XIXe siècle.
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Contact
L’Atelier Senzu
10, cité d'Angoulême 75011 Paris
01 75 43 76 31contact@lateliersenzu.com
www.lateliersenzu.com@lateliersenzu
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Fiche technique
Lieu : Paris (75)
Programme : Pavillon polyvalent (salle de classe, jardin pédagogique, café des parents)
Maîtrise d’ouvrage : Mairie de Paris
Maîtrise d’œuvre : L’Atelier Senzu, mandataire ; Sylva Conseil (BET structure) ; Thema Verde (BET HQE)
Budget : 300 000 € HT
Surface : 90 m2
Calendrier : 2019-2021