Les poètes au cadastre : projections, lectures et débats
Captation de l'évènement qui s'est tenu le 3 décembre 2019
"Toute secousse imposée par un auteur aux normes typographiques d'un ouvrage, affirmait Roland Barthes, constitue un ébranlement essentiel". Difficile de ne pas y penser devant les panneaux indépendants, mobiles, de La Construction (2018) de Perrine Le Querrec. On construit un livre comme on construit une maison ? Ou s'agit-il au contraire de déconstruire les lieux trop fermés ? Le poète invente des espaces d'écriture, de lecture, physiques et matériels. Le livre, en sa forme, moins immuable qu'on le croit souvent, promeut un territoire. Et le poète se confronte encore aux espaces à vivre, s'essaie à les saisir. La part géographique de la poésie, pour des écrivains aussi différents que Kenneth White ou Pierre Vinclair, ne cesse aujourd'hui de se développer, et nombreux sont ceux qui continuent d'établir ces "fragments d'un cadastre" que Michel Deguy avait naguère mis à l'horizon de la quête poétique. Sans transe obligatoire. Bateaux, autobus, bicyclettes y vont aussi bien. On suit "la ligne 29 des autobus parisiens", avec Jacques Roubaud. On traverse Phnom Penh à vélo, avec Jacques Demarcq (Phnom Poèmes, 2017). Dispositifs de parcours, de saisie... dispositifs d'écriture, au fur et à mesure que la page se remodèle, jusqu'aux équations typographiques de Michaël Batalla (Noir de l'Egée, 2019). Le tout, pour que se déploie un double espace, auquel l'architecte pourrait se confronter, dont il pourrait s'inspirer...
Paris : Cité de l'architecture et du patrimoine, copyright 2019