Portail : la Pentecôte

Description du décor

Le portail central du narthex est, selon Viollet-le-Duc, « certainement une des œuvres les plus remarquables et des plus étranges du Moyen Âge ». L’architecte en prévoit le moulage dans son projet de musée de Sculpture comparée (1879). Des mains du Christ partent, en direction des apôtres, les langues de feu, manifestation de l’Esprit Saint dans l’iconographie de la Pentecôte. Mission leur est donnée de parcourir le monde pour proclamer « l’Évangile à toutes les créatures» (Mc 16, 15). Les peuples de la terre représentés dans les compartiments périphériques de la scène et au linteau sont révélateurs de la conception du monde au XIIe siècle. Cette connaissance est fondée sur la Bible et les récits fabuleux de l’Antiquité compilés par Pline l’Ancien (23-79) dans son Histoire naturelle. La file de médaillons qui encadre la composition renferme les signes du zodiaque et les travaux des mois. Adossée au trumeau, la statue de saint Jean-Baptiste présentait l’Agneau mystique aux fidèles. L’Agneau a été buché à la Révolution, ainsi que le visage du saint. L’inscription latine sur la patène reprend le verset de l’Évangile de Jean (Jn 1, 29) : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.» Cette iconographie est exceptionnelle en regard des thématiques plus habituelles du Christ en Majesté. Elle est en outre servie par le remarquable talent d’un sculpteur qui pourrait avoir été formé sur le grand chantier de l’église de Cluny. Un jeu dense de fins drapés stylisés habille les figures. Sa qualité graphique leur confère un mouvement et une intensité uniques.