Les peintures murales qui ornent l’arc triomphal et les murs du chœur de l’église Saint-Martin de Nohant-Vic, en Berry, forment un remarquable ensemble de peintures murales romanes, tant par son état de conservation que par son iconographie et l’expressivité de ses figures aux postures allongées et aux amples gestes.
Datées du deuxième quart du XIIe siècle, ces peintures présentent des figures et des scènes traditionnelles des décors peints romans : prophètes de l’Ancien Testament, épisodes de la Genèse, de la Vie de la Vierge – Annonciation, Visitation -, et de la Vie du Christ - Adoration des mages, Entrée à Jérusalem, Cène, Lavement des pieds, Arrestation du Christ -, mais aussi des scènes rarement représentées dans les grands cycles romans du Berry, telles que l’Accusation de la Vierge ou la Purification des lèvres d’Isaïe. Cette dernière scène fait référence à une des visions du prophète Isaïe (Is 6, 1-7), la vision du temple céleste. Isaïe, voyant le Seigneur assis sur un trône entouré de séraphins, est saisi d’effroi : il a contemplé le Seigneur alors qu’il est un homme aux lèvres impures. Un séraphin prend alors sur l’autel un charbon ardent et en touche les lèvres d’Isaïe afin de le purifier de son péché et de hâter sa mission prophétique. C’est cet instant qui est illustré à Nohant, où un ange remplace le séraphin évoqué dans les Écritures.
Ce programme iconographique a certainement été élaboré par les moines de l’abbaye de Déols, fondation bénédictine qui, à la fin du XIe et au début du XIIe siècle, dominait la vie artistique et intellectuelle du Bas-Berry, et dont dépendait l’église paroissiale de Vic.
Les scènes de la vie de saint Martin (vers 315-397), peintes sur le mur gauche du chœur, rappellent la dédicace de l’église à ce saint, ainsi que le rôle fondateur de Martin dans la naissance et le développement du monachisme en France et en Europe. Le vol du corps de saint Martin est raconté par Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs rédigée dans la seconde moitié du VIe siècle.