Quand en 1937 Paul Deschamps rédige, pour la Commission des monuments historiques, son projet de création d’un musée des « Primitifs français », il consacre une place de choix aux « scènes bibliques de Saint-Savin » et décide d’en reproduire les épisodes majeurs. Pour Deschamps, ces scènes doivent constituer l’un des principaux ensembles de la section romane.
Il s’agit là du plus grand ensemble de peintures murales romanes conservé en France. « Quelle que soit la date des peintures de Saint-Savin, elles n’en sont pas moins un des monuments les plus précieux d’un art à son enfance dont si peu d’ouvrages se sont conservés jusqu’à nous ». Ainsi Prosper Mérimée exprimait-il en 1836, lors de son voyage dans l’Ouest de la France, son admiration pour les peintures murales de l’abbatiale de Saint-Savin. En 1840, il fait inscrire l’église et son décor sur la première liste des monuments historiques et entreprend une campagne de relevés à l’aquarelle des peintures de l’édifice afin d’en conserver la mémoire.
L’abbatiale de Saint-Savin est l’un des rares édifices romans à avoir conservé la majeure partie de son décor initial, exceptionnel tant par son ampleur que par la richesse de son iconographie et son état de conservation. Ce décor peint, exécuté à la fin du XIe et au début du XIIe siècle, ne cesse de susciter intérêt et admiration tout au long des XIXe et XXe siècles.
Le décor peint de la voûte se compose de soixante-et-un épisodes appartenant aux Livres de la Genèse et de l’Exode, dont Paul Deschamps fait reproduire les quarante-quatre scènes les mieux conservées. De 1940 à 1943, l’exceptionnel décor de la voûte de la nef est ainsi retranscrit, en volume et à échelle un, par une équipe de cinq fresquistes : Paul-Albert Moras, Pierre Valade, André Mazurier, Charles Bouleau, Marcel Nicaud.
Cet ensemble s’organise en plusieurs cycles : le cycle de la Création et ceux de Noé, d’Abraham, de Joseph et de Moïse. Aujourd’hui exposée dans la bibliothèque de la Cité, la copie en volume de la voûte de Saint-Savin permet d’admirer au plus près ces figures dynamiques et fluides, aux couleurs ocre et aux tons pastel si caractéristiques de l’art mural roman du Centre de la France.
Cette reproduction demeure un témoin archéologique et documentaire indispensable à la compréhension de l’œuvre originale.
Information
Les peintures de la voûte de l'abbaye de Saint-Savin sur Gartempe sont visibles dans les espaces de lecture de la bibliothèque.