Jérôme Stablon (né en 1987) est diplômé de l’École nationale d’architecture de Toulouse en 2005 et du DSA d’architecte-urbaniste (ENSAVT) en 2012. Il fonde en 2016 Bien Urbain ‒ atelier d’architecture avec Nicolas Cèbe (né en 1981). Guillaume Cantardjian (né en 1985) a rejoint l’agence en tant qu’associé en 2019. Jérôme Stablon et Nicolas Cèbe sont lauréats du concours Europan 12 en 2013, avec Juliette Lafille, Louise Naudin et Thomas Bernard.
Le portrait
« Rien n’est à inventer, tout est à transformer. » Nicolas Cèbe et Jérôme Stablon en sont convaincus depuis les premiers projets de l’agence. Tous ont en commun de composer avec les situations construites, souvent ordinaires, et l’art de l’architecte consiste à en saisir les singularités pour actionner les leviers opérants et justes. Le nom qu’ils se sont choisi, Bien Urbain, sous-tend cet attachement au déjà-là, ce désir de participer à l’amélioration du cadre de vie par sa transformation, plus vertueuse qu’une démolition-reconstruction.
Leur vision a eu le temps de mûrir au sein des Ateliers Lion, où leur reconnaissance professionnelle mutuelle a évolué en amitié. Pour Jérôme Stablon, elle s’est aussi affirmée au cours du DSA à l’ENSAVT, axé à l’époque sur la mutation des tissus pavillonnaires et qui a fait l’objet d’une publication, S(t)imulation pavillonnaire. Tous deux regrettent que ce sujet de la transformation soit aussi peu abordé dans la formation initiale des études d’architecture. A contrario, il semble plus accessible aux jeunes agences. Deux maîtrises d’ouvrage publiques leur ont ainsi fait confiance : la préfecture de police de Paris à l’occasion de la rénovation d’un de ses commissariats et la RIVP. Pour ce bailleur social, ils reconfigurent les typologies d’un immeuble de logements des années 1950, dans un habile dosage entre mise en valeur de l’architecture d’origine et réemploi de ses éléments.
Cette approche appelant une fine connaissance de l’existant, Bien Urbain a développé des outils de diagnostic pointus, conjuguant travail documentaire et relevés précis. Une étape primordiale à leurs yeux pour comprendre la construction d’origine et la sédimentation des interventions successives, conditions à partir desquelles peuvent émerger les hypothèses de projet. Ces missions d’expertise se sont musclées avec l’étude sur l’habitat insalubre dans le centre-ville de Château-Thierry, puis à Soissons. Si celles-ci n’appellent pas de suites opérationnelles, elles les confortent dans le rôle social de l’architecte et une pratique ouverte et diversifiée du métier. L’intérêt public de l’architecture doit s’appréhender au sens large, à travers tous les sujets traités, estiment les architectes qui entrevoient dans cette manière d’agir la reconquête d’un cadre bâti majoritairement construit par d’autres. Une situation qu’ils entendent déjouer en mettant en avant le professionnalisme et en cultivant une relation empathique avec leurs commanditaires. De l’écoute attentive de leurs besoins et attentes, ils appréhendent les marges de manœuvre qui feront surgir un projet digne et de qualité. Parmi les outils mobilisés, la maquette constitue une puissante médiation avec leurs interlocuteurs. Elle représente aussi un exercice intellectuel stimulant, quels que soient l’échelle de l’intervention et les sujets. Pour Bien Urbain, c’est en élargissant la réflexion, avec cette question de la transformation au cœur de la pratique, que « l’architecte pourra déployer sa capacité à être là où on ne l’attend pas ».
La citation
« Bien : ce qui est utile à la collectivité.
Urbain : qui appartient à la ville.
Bien urbain : être civilisé, au service de quelque chose ou de quelqu’un. »
Le projet : Espace Rohan 1 et 2
Enlever plutôt que rajouter, telle est la règle qui a guidé l’intervention au cœur du musée des Arts décoratifs. Rénovées dans les années 1990, les salles d’exposition de l’aile Rohan avaient été densifiées par le rajout d’un étage, leurs fenêtres condamnées, annihilant la majesté des pièces. Le travail a consisté à renouer avec l’histoire et l’architecture du lieu. Le bâtiment est purgé de ces greffes pour redonner une lisibilité à la structure. Pas de doublage, faux plafond ou revêtement. Les murs, sols et plafonds sont laissés bruts, simplement stabilisés par une lasure minérale. « Dans un geste enveloppant », un escalier hélicoïdal à la géométrie autonome lie les deux niveaux. Prenant place entre les refends, les vitrines d’exposition sont conçues dans une logique de réversibilité. Leur matérialité et le soin de leur mise en œuvre tranchent sur l’esthétique brutaliste des volumes. Ces « machines à exposer », entièrement modulables, proposent une multitude de combinaisons, jusqu’à jouer avec les ouvertures en façade du Louvre, désormais libérées.
-
Contact
Bien Urbain – atelier d’architecture
21, rue du Faubourg Saint-Antoine 75011 Paris
01 83 92 93 69contact@bien-urbain.com
www.bien-urbain.com@bien_urbain_architecture
-
Fiche technique
Lieu : Paris (75)
Programme : Réaménagement des espaces Rohan 1 et 2, dédiés à la mode
Maîtrise d’ouvrage : Musée des Arts décoratifs
Maîtrise d’œuvre : Bien Urbain‒ atelier d’architecture (mandataire) ; Adrien Gardère (muséographie) ; BETOM ingénierie ; ACL (conception lumière)
Budget : 2 140 100 € HT
Surface : 1 280 m2 (SU)
Calendrier : 2018-2020