Projets et chantiers entre Paris et Buenos Aires au tournant du XXe siècle : une thèse en train de se faire
La mémoire en œuvre. Recherche et archives d’architecture
Dans le cycle "La mémoire en œuvre", le Centre d’archives d’architecture invite des doctorant-e-s ou de jeunes docteurs, au terme de leur recherche, à montrer comment l’architecture et les architectes émergent à partir du travail sur les archives.
Avec une approche attentive aux rapports entre le projet et le chantier, nous proposons d’examiner les rôles des architectes diplômés de l’Ecole des beaux-arts de Paris actifs dans la capitale argentine au tournant du XXe siècle. On a étudié l’importance du « système des Beaux-Arts » dans la conception de projets qui marquent la transformation de Buenos Aires en métropole moderne. Cependant, on en sait moins sur leur exécution. Nous travaillons alors sur l’hypothèse selon laquelle les architectes des Beaux-Arts ne se contentent pas d’envoyer des plans depuis Paris, mais qu’ils cherchent aussi à les matérialiser sur place. Notre objectif est ainsi d’identifier les mécanismes d’organisation d’agences d’architecture à l’échelle transatlantique et d’analyser les figures hybrides de l’architecte-artiste et de l’architecte-entrepreneur.
Nous interrogeons à cette fin les réseaux des architectes, et notamment leur alliance avec les ingénieurs diplômés de l’Ecole centrale des arts et manufactures et les entreprises industrielles françaises liées au bâtiment. Les collaborations entre architectes, ingénieurs et entreprises des deux côtés de l’Atlantique faciliteraient ainsi la circulation de savoirs et de pratiques, mais aussi d’objets et de matériaux de construction d’origine française. Nous cherchons à les identifier et à interroger ces transferts et adaptations techniques. Comment saisir la production matérielle d’architecture à l’échelle transnationale ? Un dernier point important de cette présentation abordera les enjeux méthodologiques de la recherche, notamment les sources, en privilégiant les fonds d’entreprises et les fonds d’architectes du Centre d’archives d’architecture contemporaine.
Juan Pablo Pekarek est chargé d’études et de recherche à l’Institut national d’histoire de l’art, et doctorant à l’Ecole doctorale d’histoire de la Sorbonne (ED113, Institut d’histoire moderne et contemporaine). Sous la direction de Valérie Nègre, il réalise depuis octobre 2021 une thèse sur les architectes diplômés de l’Ecole des beaux-arts, les ingénieurs de l’Ecole centrale et les entreprises françaises du bâtiment, entre Paris et Buenos Aires (1890-1930). Il enseigne l’histoire des techniques à l’Université Paris 1 et l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme à l’ENSA de Paris-La Villette.