Jeu de construction, système 3.55

Datation

1967-1973

Ce jeu de construction s'inscrit dans le cadre des recherches sur l'industrialisation de la maison individuelle menées par Paul Quintrand : entre 1967 et 1974, il met au point un système architectural et constructif, breveté en août 1969 et baptisé « 3.55 » ou « maison meccano ». Ce système se fonde sur un module de 3,55 m qui permet de déterminer une organisation spatiale convenable (2,40 m pour les espaces de vie, 0, 90 m pour les espaces de circulation, auquel s'ajoute une épaisseur technique) ; selon le nombre et l'agencement de ces modules, le 3.55 garantit une grande flexibilité d'usage en fonction du nombre et des besoins des habitants.
Trois étapes séquencent le développement du 3.55, en réponse aux problématiques de la construction industrialisée et de la conception : en 1967, Paul Quintrand réalise avec l'entreprise Picot un prototype en béton avec assemblages en acier à Ventrabren (détruit). Après cette première expérience constructive, l'architecte introduit une dimension participative de l'usager en inventant un jeu de construction, afin d'aider les futurs habitants à composer leur propre habitation en fonction de leurs besoins. Sensible à l'apport des sciences sociales dans le domaine de l'architecture, Quintrand a rédigé des études sociologiques pour le plan construction et est proche du laboratoire de sociologie de l'université d'Aix-en-Provence.
En 1971, l'enseignant-chercheur s'associe avec deux étudiants de l'École d'architecture de Marseille, Jean-Luc Souvelain et Roland Billon pour fonder ERMA, une société d'étude pour la rationalisation des méthodes en architecture. Roland Billon propose la mise au point d'un système informatique de gestion et de production des plans. Avec ERMA, Paul Quintrand s'associe à l'entreprise Jossermoz pour la fabrication d'un nouveau prototype léger en acier et bois dans l'usine d'Annecy (1972). Après que l'architecte en présente le principe à Robert Lyon, la direction de la construction du ministère de l'Équipement s'en inspire pour lancer un concours « jeu de construction » (1973), afin de favoriser la conception innovante de l'habitat individuel préfabriqué selon des procédés économiques et techniques viables. Après la réalisation d'une maison-témoin à Pontoise (1973), l'équipe de Quintrand et Jossermoz est déclarée lauréate. L'architecte instaure une méthode de communication inédite avec les futurs acquéreurs : un questionnaire leur est proposé afin de définir leurs besoins, qui sont ensuite traités par le truchement d'un nouveau programme informatique qui sélectionne plusieurs plans-type parmi les quelques 800 combinaisons disponibles. À partir de cette sélection de plans, l'usager peut échanger avec l'architecte et faire évoluer l'agencement des espaces à l'aide du jeu mis à sa disposition, qui reprend les différents modules du système 3.55. À l'image des jeux pour enfants, ce jeu est constitué d'une banque de données de plans (pour 1 seul exemplaire), d'un plateau, de cartes correspondant aux différentes pièces, de barrettes correspondant aux murs et aux cloisons et de végétaux. Outre la simplicité du système modulaire, l'intérêt réside dans la possibilité de déterminer le prix de la future maison à partir des prix fixés pour chaque élément. Alors que la crise pétrolière compromet le succès du concept, ces deux jeux, qui correspondent à des exemplaires uniques, témoignent du caractère pionnier des recherches de P. Quintrand et synthétisent ses principaux points d'intérêt tels que l'industrialisation de la construction, l'approche rationnelle participative et le développement de l'outil informatique appliqué à l'architecture.