Christophe Desvignes (né en 1990) et Luc Pigeon (né en 1990) sont respectivement diplômés des Écoles nationales d’architecture de Clermont-Ferrand et de Paris-Val de Seine, en 2013 et 2014. Christophe Desvignes est titulaire d’un DPEA recherche en architecture à l’Ensa Paris-La Villette en 2014. Ils créent Récita Architecture en 2018 à Lyon.
Le portrait
L’architecture est incontestablement porteuse de récits singuliers, par l’expérience immédiate qu’elle suscite, sa connivence au territoire, son expressivité formelle. C’est cette narration que Récita cherche à saisir, dans une pratique polarisée sur la valorisation des formes archétypales, l’expression tectonique des structures, le caractère de la matière brute.
« À la manière d’un photographe, nous cherchons inlassablement à capturer la véracité des atmosphères et des matières que nous souhaitons retranscrire dans les bâtiments une fois ces derniers construits », expliquent Christophe Desvignes et Luc Pigeon. Cette dimension sensorielle prend sa source dans des images précisément étudiées, jusque dans leur cadrage, pour refléter l’ambiance recherchée. Pour les architectes, ces images génèrent une ambition, font exister et partager le projet. Elles s’imprègnent des imaginaires puisés dans les paysages de la région clermontoise, leur terre d’attache. Cet environnement constitue aujourd’hui leur terrain d’action, non loin de l’école d’architecture où ils ont été sensibilisés aux territoires urbains et périurbains et aux questions qu’ils soulèvent (Luc Pigeon y a suivi sa licence). L’apprentissage s’est consolidé par une expérience de deux ans à l’agence clermontoise de Boris Bouchet, l’un de leurs enseignants, avec qui ils s’associent depuis. Une expérience forte, pour la rigueur implacable du travail qui y est produit, les moyens et le temps accordés à la recherche et l’expérimentation. Elle les a rendus solides pour aborder des projets où les moyens financiers ne sont pas toujours à la hauteur de l’engagement qu’ils nécessitent. Dans ce contexte, « comment échapper à l’appauvrissement de nos dess(e)ins ? ». Sans jamais se résigner, les architectes sont en quête du détail qui préserve l’expressivité de l’architecture parce qu’il est maîtrisé sur le chantier, comme ce béton rustique, coulé de manière artisanale par passes successives, pour un équipement à La Bourboule.
Ce rapport charnel à la construction, ils l’éprouvent aussi dans leur atelier de menuiserie en Auvergne, une passion qu’ils ont développée en autodidactes et qui leur permet aussi d’appréhender le processus de la construction dans son ensemble. De manière libre et exploratoire, ils conçoivent et construisent leurs meubles et objets, rappelant que nombre d’architectes du mouvement moderne se consacraient à cette activité. Pour ces commandes, ils empruntent au langage architectural et inventent des assemblages raffinés, qu’on leur refuserait sans doute s’ils les confiaient à d’autres. Ils aiment jongler avec ces temporalités différentes, le temps long de l’architecture, et le plus ramassé du design de mobilier qui les rapproche aussi de l’artisan. Au-delà de la satisfaction de l’objet fini, ils perçoivent dans ce savoir-faire manuel une manière de participer « à la diversification fertile des pratiques architecturales et à leur renouvellement », dans une approche résolument positive malgré les conditions de précarisation latente du métier.
La citation
« Concevoir des projets expressifs et porteurs de récits singuliers est une motivation première. »
Le projet : Maison individuelle
Détachée sciemment du contexte générique alentour — un lotissement pavillonnaire —, la maison se pose sur le terrain comme la grange ou le hangar agricole au milieu du pré. L’analogie à ces architectures vernaculaires s’affirme un peu plus encore dans le revêtement des façades, un bardage métallique ondulé noir qui se fond dans ce paysage de coteaux. Pour ce projet, les architectes se sont nourris des travaux photographiques de Philipp Schaerer et « de ses architectures fictives et abstraites qui renvoient à des archétypes étranges mais familiers ». À son approche, la silhouette prismatique se révèle plus complexe. Élancée face à la pente, elle dévoile des proportions plus domestiques sur sa face arrière. Cet art de brouiller les frontières s’affirme dans l’écriture de l’enveloppe, tout à la fois rudimentaire dans sa matérialité, mais soignée dans son calepinage et rehaussée de menuiseries de mélèze et serrureries en laiton. Le plan, compact par économie, s’inscrit dans une figure en entonnoir qui magnifie la vue sur la plaine de la Limagne et la chaîne des Puys au loin, et se plie à la diversité des situations spatiales.
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Contact
Récita Architecture
8, cours Lafayette 69003 Lyon
9, avenue de Royat 63400 Chamalières
06 77 13 32 61contact@recita.fr
www.recita.fr@recita_architecture
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Fiche technique
Lieu : Dallet (63)
Programme : Maison individuelle
Maîtrise d’ouvrage : Privée
Maîtrise d’œuvre : Récita Architecture ; Ettel (BET structure) ; Qui Plus Est, Samuel Champouillon (BET thermique)
Budget : NC
Surface : 119 m2
Calendrier : 2018-2021