Les régions du Languedoc et du Sud-Ouest de la France sont marquées au début du XIIe siècle par le développement des grands pèlerinages vers Saint-Jacques de Compostelle. De vastes églises sont érigées pour accueillir les pèlerins et faciliter leur circulation autour des reliques. Des portails monumentaux sont sculptés pour magnifier l’entrée de ces édifices ; le portail de la basilique Saint-Pierre de Moissac en est un témoin majeur.
Ce portail marque l'apogée du décor monumental sculpté languedocien à l'époque romane.
Il sert le thème de l'Apocalypse, en grec le dévoilement, la Révélation divine. Le sculpteur a traduit dans la pierre la vision prophétique de l'Apocalypse selon saint Jean (Apocalypse, 4, 1-8). Au tympan, le Christ en majesté est entouré des symboles des évangélistes (Tetramorphe) : l'homme ailé pour Matthieu, l’aigle pour Jean, le lion pour Marc et le taureau pour Luc. De part et d'autre sont figurés les vingt-quatre vieillards, porteurs de coupes et d'instruments de musique. Les bas-reliefs sur les murs latéraux - l'Enfance du Christ, à droite ; la parabole du mauvais riche, à gauche, - complètent la vision. Le linteau parcouru de rosaces est soutenu par un trumeau sur lequel sont représentés des fauves entrelacés. Sur la face droite de ce pilier, le prophète Jérémie répond au prophète Isaïe figuré sur le jambage opposé. Semblable disposition se répète de l’autre côté avec les apôtres Paul et Pierre.